Cauchemar d’amour
Une nouvelle émission qui se penche sur des histoires d’amour qui ont basculé dans l’horreur fait jaser
Karina Marceau sait pourquoi sa nouvelle émission suscite autant de réactions. Parce que tout le monde s’est déjà fait avoir en amour. À différents degrés, bien entendu. Certaines personnes ont perdu beaucoup d’argent, d’autres ont subi du chantage émotif. Et pour quelques malchanceux, ce fut la totale. La réalisatrice s’intéresse justement aux cas extrêmes dans Quand l’amour rend aveugle, une série documentaire aux allures de soaps de fin d’après-midi diffusée à Canal Vie.
D’une durée de 30 minutes, chaque épisode raconte une histoire d’horreur ayant commencé en conte de fées, comme celle de Maria Ines, une jeune professionnelle qui s’est retrouvée prisonnière d’un mythomane et manipulateur de première classe. Ou encore celle de Louis-george, un veuf victime de mensonges et d’abus d’une femme dont il s’est épris bien malgré lui.
C’est après avoir entendu plusieurs récits semblables autour d’elle que Karina Marceau a décidé de concevoir, réaliser et produire Quand l’amour rend aveugle. Ex-lectrice de nouvelles à LCN et TVA, la journaliste et ancienne animatrice de J.E. voulait créer une série documentaire expliquant aux téléspectateurs comment se protéger en amour.
«J’avais le souci de faire un heureux mélange entre raconter une bonne histoire divertissante et surprenante, et passer un peu d’information, dit-elle. C’est le pari que j’ai essayé de relever.»
Pour atteindre son objectif, Karina Marceau a retenu les services d’experts (psychologues, policiers, avocats) qui témoignent pour aider le téléspectateur à mieux comprendre les enjeux présentés. Quant aux reconstitutions dramatiques qui traversent chaque émission, elles donnent parfois l’impression d’être tirées d’un feuilleton américain, mais elles demeurent de bon goût.
«Les histoires étaient tellement grosses au départ… Ajouter une dose de crémage n’aurait pas été une bonne idée. Ç’aurait été trop sucré. Je n’avais pas envie d’émouvoir à tout prix. Ça m’énerve quand on essaie de trop soutirer la larme. Les témoignages étaient assez forts. On n’avait pas besoin d’exagérer le drame de chaque histoire. Si on avait beurré plus épais, ça nous aurait donné mal au coeur.»
«En fin de compte, je pense qu’on a un bon dosage, ajoute Karina Marceau. On s’attache aux personnages, mais on apprend aussi quelque chose.»
DES VICTIMES HÉSITANTES
Trouver des personnes prêtes à raconter leur calvaire n’a pas été une mince affaire, explique Karina Marceau en entrevue.
«Les victimes sont souvent mal à l’aise d’en parler parce qu’elles ont honte et elles ont peur d’avoir l’air fou, souligne la documentariste. La preuve: en 2014, le Centre canadien antifraude a reçu 550 plaintes d’arnaques amoureuses, mais selon leurs estimations, ça ne représentait que 5 % des cas. Il y aurait donc 11 000 cas par année. Ce n’est pas banal.»
Pour des raisons juridiques, Karina Marceau n’a pas tenté d’obtenir la version des arnaqueurs. Elle a préféré taire leurs véritables noms pour éviter de recevoir des accusations de diffamation.
SCÉNARIOS ÉLABORÉS
Plusieurs dossiers rocambolesques seront étudiés durant la première saison de Quand l’amour rend aveugle. Parmi eux, citons un cas de «sextorsion» (chantage sexuel sur internet) et une amourette électronique qui tourne au vinaigre. «Les fraudeurs sont vraiment devenus des scénaristes, souligne Karina Marceau. Ils inventent des histoires hallucinantes dignes d’un film hollywoodien. Ils sont patients. Ils attendent des mois avant de faire une première demande d’argent.»
«Les arnaqueurs sont en général des gens sournois et narcissiques, poursuitelle. Ils mentent sans rien laisser paraître. Ils amadouent le coeur pour mieux s’attaquer au portefeuille.»
Canal Vie présente Quand l’amour rend aveugle le mardi soir à 20 h.
«Les psychologues le disent: l’amour, c’est la drogue la plus forte. On n’a pas tendance à s’asseoir avec son amoureux pour parler de contrat parce que c’est le genre de truc qui risque de péter la balloune, mais il faut penser rationnellement. Parce que quand on commence à moins s’aimer, c’est nettement plus difficile de trouver un terrain d’entente.»