La Hongrie venue pour apprendre
Les Hongrois participent au Championnat du monde pour seulement la deuxième fois depuis 1939
SAINT-PÉTERSBOURG | Le petit contre le géant. David contre Goliath. La Hongrie a entendu tous les clichés possibles à la veille de son match contre le Canada.
Jamais un Hongrois n’a patiné sur une glace de la LNH. Dans toute l’histoire, seulement trois joueurs originaires de ce pays de l’europe de l’est ont été repêchés. Janos Vos, qui porte toujours les couleurs de l’équipe nationale, est le dernier en lice. En 2002, les Stars de Dallas l’avaient réclamé au deuxième tour, mais il n’a pu atteindre la grande ligue.
Pour encore mieux illustrer la petitesse du hockey en Hongrie, il faut rappeler quelques chiffres. Selon le site de la FIHG, il y a seulement 24 arénas et 4622 hockeyeurs répertoriés. Au Canada, il y a 5000 arénas et plus de 720 000 joueurs.
La Hongrie a obtenu sa qualification pour le Championnat du monde en terminant deuxième du groupe A au mois d’avril 2015. À la fin du tournoi à la ronde à Cracovie, en Pologne, les Hongrois ont devancé les Polonais, les Japonais, les Italiens et les Ukrainiens. Le Kazakhstan avait remporté ce groupe, obtenant également un billet pour la Russie.
Pour faire de la place à ces deux nouveaux pays, l’autriche et la Slovénie n’ont pu maintenir leur position au sein du groupe mondial cette année.
«Je me réjouis de notre progression sur la scène mondiale, a dit l’attaquant Janos Vas. Nous savons d’où nous venons. Et, c’est de loin. À mes débuts avec l’équipe nationale, en 2001, nous faisions partie du groupe B [troisième groupe en importance].»
«C’est gros pour nous, a renchéri Marton Vas, le capitaine de la Hongrie et demifrère de Janos. En près de 80 ans [77 ans], c’est notre deuxième présence seulement à ce tournoi. En 2009, nous avions brisé la glace après une attente de 70 ans. Cette fois, nous avons patienté moins longtemps. Je suis chanceux puisque j’ai participé aux deux derniers Mondiaux.
«Nous nous trouvons encore dans une étape d’apprentissage, a-t-il poursuivi. Mais, c’est une belle chance de découvrir le meilleur niveau de jeu possible sur la scène internationale.»
UN PREMIER MATCH HONNÊTE
Pour sa première rencontre à Saint-pé- tersbourg, la Hongrie n’a pas trop tremblé, subissant un revers honorable de 4 à 1 contre la Slovaquie.
Du début à la fin du match, les centaines de partisans hongrois ont dansé, chanté et sauté dans les gradins de l’aréna de Yubileiny. Ils avaient le visage maquillé aux couleurs de leur équipe, soit vert, rouge et blanc.
UN SOUVENIR DE LA SUISSE
En 2009, la Hongrie avait croisé le Canada sur sa route lors du tour préliminaire à Kloten, en Suisse. Le défenseur Marton Vas n’a pas oublié cette défaite.
«Je me souviendrai toujours de ce match, mais pas pour le résultat final, at-il dit. Nous venions de perdre 9 à 0 et nos partisans hurlaient notre hymne national dans les gradins. C’était leur façon de nous remercier. Je crois que les joueurs canadiens étaient jaloux de la réaction de nos partisans.»
Sept ans plus tard, les Hongrois désirent offrir une meilleure résistance.
«Nous savons tous que le Canada est le pays du hockey, a répliqué Janos Vas. Mais, nous ne baisserons pas les bras.»
«Nous regardons les joueurs du Canada à la télévision, les Mcdavid, Hall ou Perry, a renchéri Marton Vas. Mainte- nant, nous jouerons contre eux. Pour moi, c’est le symbole de notre progression.
«Depuis 2008, le hockey fait partie des cinq sports les plus importants en Hongrie, a poursuivi le capitaine. Nous recevons donc plus d’argent de notre gouvernement. Il y a un désir de développement. Nous rêvons de produire notre premier Anze Kopitar, comme la Slovénie. Nous voulons placer la Hongrie sur la carte mondiale du hockey.»
DES SALAIRES PLUS MODESTES…
Dans un pays plus connu pour le soccer, le water-polo et le handball, la Hongrie compte sur une ligue professionnelle de hockey de 10 équipes.
«Je ne peux pas dire le salaire des joueurs de notre équipe, a répliqué en souriant Janos Vas. Moi, je joue à Prague, mais il y a aussi des gars en Allemagne, en France et en Finlande. Mais, plus de la moitié de nos joueurs jouent en Hongrie. Nous sommes professionnels, nous gagnons notre vie, mais nos salaires ne se comparent absolument pas à ceux de la LNH ou de la KHL.»