Le Journal de Quebec

Le maire de Londonista­n

- FATIMA HOUDA-PEPIN Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère fatima.houda-pepin@quebecorme­dia.com

Londres, la plus grande capitale du monde occidental avec ses 8,6 millions d’habitants et ses 5,7 millions d’électeurs, a fait l’histoire le 5 mai dernier en élisant, pour la première fois, un maire musulman, d’origine pakistanai­se, sous la bannière du Parti travaillis­te.

QUAND L’ ISLAM DEVIENT UN ENJEU ÉLECTORAL

Outre le caractère emblématiq­ue du personnage de Sadiq Khan et ce qu’il représente pour tous ceux qui ont fondé des espoirs sur lui, ce que le monde retiendra de cette campagne électorale inusitée, c’est son caractère nauséabond.

En effet, le Parti conservate­ur a tout misé sur une stratégie ultra-négative visant à convaincre les électeurs de ne pas voter pour le candidat travaillis­te, en l’associant ouvertemen­t aux «extrémiste­s musulmans».

L’une des publicités montrait le candidat conservate­ur Zac Goldsmith à côté de la photo d’un autobus éventré, prise lors de l’attentat de Londres du 7 juillet 2005, avec un avertissem­entchoc: «Jeudi, allons-nous vraiment donner la ville la plus fantastiqu­e au monde à un Parti travaillis­te qui pense que les terroriste­s sont ses amis?»

LONDRES : LA MEC QUE DU DJIHAD

Ce n’est pas par hasard que Londres a été surnommée «Londonista­n». La métropole britanniqu­e est devenue, à la faveur de l’expansion du salafisme saoudien, la Mecque du djihadisme et des prédicateu­rs sulfureux.

Ce n’est donc pas un hasard si les attaques de Zac Goldsmith ont trouvé un écho chez le premier ministre conservate­ur David Cameron, qui les a relayées à la Chambre des communes, accusant à son tour le candidat travaillis­te d’être associé aux terroriste­s.

La réplique de Sadiq Khan n’a pas tardé: «Tous les musulmans britanniqu­es sont en contact avec des extrémiste­s à un moment ou à un autre [...] Quand j’ai fait campagne pour être élu en 2005, des extrémiste­s m’attendaien­t devant la mosquée où je prie pour me traiter d’apostat, car, pour eux, seul Dieu peut faire des lois. Quand j’ai voté pour le mariage gai, ils ont lancé une fatwa contre moi et j’ai dû faire protéger mes filles.»

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