« Clairement psychotique » après le drame selon une psychiatre
L’experte a jugé à l’époque que Richard Bain n’était pas apte à subir son procès
Peu après la fusillade au Métropolis, Richard Henry Bain était «clairement psychotique», au point où une psychiatre a jugé à l’époque qu’il n’était pas apte à subir son procès.
«Mon Dieu va me juger. Peu importe ce que j’ai fait, c’était la volonté de Dieu», aurait dit l’accusé à la Dre MarieFrédérique Allard, deux semaines après le drame.
À la demande de l’avocate qui représentait Bain à l’époque, la psychiatre avait rencontré l’accusé le 18 septembre 2012 à la prison de Rivière-des-prairies, où il était détenu. Le mandat de la psychiatre était de déterminer l’état mental de l’homme le 4 septembre.
Bain est notamment accusé du meurtre prémédité du technicien de scène Denis Blanchette et de tentatives de meurtre durant le discours de victoire de Pauline Marois au Métropolis. Malgré la gravité de ces accusations, il ne semblait pas être préoccupé par «sa situation légale», selon la psychiatre.
«Nous sommes tous les instruments de Dieu», l ui aurait-il dit, ajoutant que chaque humain a «une mission sur Terre et que le 4 septembre, c’était la volonté de Dieu».
PSYCHOTIQUE ET MANIAQUE
Considérant ces propos «délirants, religieux et paranoïdes», la Dre Allard a estimé qu’il était à ce moment «clairement psychotique».
«Je ne sais pas à quel moment son épisode psychotique a débuté, mais le 18 septembre 2012, il était en psychose, un état relié à de la bipolarité, dans un épisode de manie», a-t-elle dit au jury.
Ce dernier plaide la non-responsabilité criminelle. La Dre Allard témoigne à son procès à sa demande. La psychiatre l’a interrogé à deux reprises peu après son arrestation, soit en septembre, puis en novembre 2012. À leur premier entretien, «il n’était pas très content de me rencontrer. Il était préoccupé par le fait qu’il ne pouvait pas entrer en contact avec son avocate. Je lui ai répété que c’est elle qui m’avait demandé de venir le rencontrer», a-telle dit.
«Il était très méfiant et irritable», a ajouté la psychiatre.
PAS APTE À ÊTRE JUGÉ
À la deuxième rencontre, l’accusé aurait cette fois-ci refusé de parler à haute voix. «Il n’a pas voulu répondre aux questions verbalement. Il ne l’a fait que par écrit parce qu’il craignait que ses propos soient enregistrés et qu’ils soient utilisés contre lui», a indiqué la Dre Allard.
Par la suite, elle en est venue à la conclusion que Bain n’était carrément pas apte à subir son procès.
«Il avait des idées délirantes quant au rôle que Dieu jouerait dans son procès», a expliqué la psychiatre, précisant que ce rapport n’a finalement jamais été déposé en cour.