La vie de Lili-soleil « s’est arrêtée »
Cette année, Lili-soleil n’a pas terminé l’école en compagnie de ses camarades de classe. Victime d’une grave commotion cérébrale en février, la petite fille de 10 ans est toujours au repos à la maison.
Le quotidien de Lili-soleil a basculé le 4 février, lorsqu’un incident est arrivé dans la cour d’une école de la région de Québec. Un élève l’a poussée et sa tête a percuté un poteau de fer gelé.
Deux jours plus tard, puisque la jeune fille ne se sent toujours pas bien après une demi-journée d’école qui s’est mal déroulée, ses parents consultent un médecin qui lui diagnostique une commotion cérébrale. Il lui recommande de ne pas faire d’activité physique pendant sept jours plutôt que de la mettre au repos complet. Puisque les symptômes persistent, les parents la gardent plus longtemps à la maison.
REPOS COMPLET
Son retour en classe, qui a mal tourné, aurait toutefois aggravé la situation. La petite fille a par la suite été prise en charge par une équipe de l’institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ), où elle se rend encore une fois par semaine.
Pendant trois mois, elle a été mise au repos complet. Son cerveau devait stimulé être le moins possible. Pas de lecture ni même de télévision. Au programme: des siestes, deux fois par jour. «Sa vie s’est arrêtée», résume sa mère, Sandra.
Cette longue convalescence a été accompagnée de plusieurs effets collatéraux de la commotion cérébrale: maux de tête, fatigue, nausée, irritabilité. «Je pétais des coches à chaque semaine, je criais, j’étais fâchée», raconte Lili-soleil. Ses parents ne la reconnaissaient plus.
La colère a par la suite fait place à une profonde tristesse, raconte la petite fille, qui ressent beaucoup d’injustice par rapport à ce qu’elle a vécu. «J’étais détruite», lance-t-elle. Le moindre effort cognitif fait réapparaître les symptômes.
BLESSURE INVISIBLE
L’«invisibilité» de sa blessure rend la situation encore plus difficile, ajoute sa mère. Son entourage a pris du temps à comprendre à quel point la blessure subie est importante.
Avec le recul, Sandra et Jean-philippe se réjouissent toutefois d’avoir pris la situation au sérieux dès le départ. «Si on avait écouté ce que les gens nous disaient, je ne sais pas dans quel état elle serait aujourd’hui», lance Sandra.
La neuropsychologue Katia Sirois, de L’IRDPQ, le confirme: la guérison peut être retardée si le repos complet n’est pas respecté dans les premiers jours suivant le choc au cerveau. Même scénario pour la reprise progressive des activités. «Quand des étapes sont escamotées, les symptômes peuvent revenir», dit-elle.
Cinq mois plus tard, Lili-soleil prend encore une forte médication et combat toujours des maux de tête quotidiens. La petite fille ne souhaite qu’une chose: reprendre sa vie là où elle s’est arrêtée et le chemin de l’école, en septembre.