Les commotions cérébrales chez les jeunes explosent
Des experts interrogés par Le Journal constatent une forte augmentation
Les cas de commotions cérébrales sont plus nombreux que jamais, selon des experts interrogés par Le Journal.
À l’institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ), le nombre de jeunes de moins de 18 ans qui consultent pour des symptômes causés par un choc à la tête a presque doublé en moins de cinq ans.
«C’est énorme», lance Katia Sirois, neuropsychologue et coordonnatrice clinique du programme des atteintes cérébrales à L’IRDPQ. Et les séquelles sont parfois très graves. Une petite fille qui a subi une violente commotion cérébrale en février est toujours au repos à la maison, cinq mois plus tard (voir autre texte).
Cette hausse s’explique par une réorganisation des services de santé, qui amène L’IRDPQ à traiter davantage ce type de blessure, mais aussi parce que les cas sont plus nombreux, explique Mme Sirois.
Même son de cloche de la part de la neuropsychologue Geneviève Boulard, qui traite des jeunes qui ont subi des commotions cérébrales depuis près de 20 ans à Québec. «Au-delà d’un meilleur dépistage, je suis convaincue qu’il y en a plus», dit-elle.
SPORTS À RISQUE
Si les cas sont toutefois plus nombreux, ce n’est pas parce que le cerveau des jeunes est plus fragile, mais plutôt parce que les sports à risque – comme le hockey, le football et le soccer – sont de plus en plus pratiqués par les petits Québécois, affirme la Dre Boulard.
Un avis partagé par le neuropsychologue Dave Ellemberg, ex-président du Groupe de travail sur les commotions cérébrales qui a été mis en place par le gouvernement.
Au Québec, il y a trois fois plus d’enfants qui jouent au soccer qu’il y a 25 ans, selon les chiffres de la Fédération de soccer du Qué- bec. Or, les adeptes du ballon rond sont autant à risque de commotions cérébrales que les joueurs de hockey ou de football, affirme le Dr Ellemberg. «Les coups de tête sont assez fréquents et il peut y avoir des chutes», explique-t-il.
FAUX TDAH?
Par ailleurs, les jeunes qui ont subi des commotions cérébrales peuvent avoir des problèmes d’attention et de mémoire. Or, ces symptômes sont souvent associés au trouble du déficit de l’attention, rappelle la Dre Boulard, qui rencontre régulièrement des jeunes qui ont reçu des diagnostics de TDAH alors qu’ils souffrent plutôt de séquelles de commotions cérébrales.
«Je n’en peux plus de voir ça. Il y a beaucoup de jeunes que je vois qui ont un diagnostic de TDAH et à qui on n’a jamais demandé s’ils ont eu des impacts à la tête», dit-elle.