Le Journal de Quebec

Richard H. Bain aurait été poussé par un délire religieux

- VALÉRIE GONTHIER

Même si Richard Henry Bain savait que perpétrer une fusillade au Métropolis était mal, le délire l’a poussé à agir puisqu’il se disait investi d’une «mission de Dieu», selon une psychiatre.

«Il croyait qu’il avait la mission de défendre les anglophone­s à la demande de Dieu», a témoigné la Dre Marie-frédérique Allard au procès de l’homme accusé de meurtre prémédité et tentatives de meurtre.

En se présentant le 4 septembre 2012 au Métropolis pendant le discours de victoire de Pauline Marois, Bain savait que tuer était mal, mais il ne pouvait appliquer cette notion, selon la psychiatre.

«Cette connaissan­ce que nous avons tous depuis que nous sommes jeunes que tuer est mal, M. Bain ne pouvait pas l’appliquer. Il était alors persuadé, même si c’était une fausse croyance, qu’il était investi d’une mission de Dieu», a résumé la Dre Allard.

Bain, qui plaide la non-responsabi­lité criminelle, a expliqué au jury la semaine dernière n’avoir aucun souvenir de la soirée du drame.

Pourtant, lors d’une rencontre deux mois après le drame, Bain aurait dit à la Dre Allard qu’en se présentant au Métropolis le soir du drame, il espérait «tuer le plus de séparatist­es possible».

PAS UN MOTIF POLITIQUE

Malgré tout, si l’accusé a perpétré la fusillade pour des raisons politiques, c’est un délire qui l’a motivé à passer à l’action, croit la psychiatre.

Sa consommati­on d’antidépres­seurs de marque Cymbalta aurait causé un virage maniaque dès 2009.

«Avant 2009, il ne s’est jamais enflammé au sujet de la politique. Avant son virage maniaque, il avait probableme­nt une opinion politique, mais il respectait celle des autres», a dit celle qui témoigne à la demande de la défense.

«Oui, il pourrait y avoir un lien avec la politique. Mais c’est un lien délirant», a ajouté la Dre Allard.

Bain lui aurait aussi dit que c’est «grâce à Dieu» si son arme s’est enrayée après le premier coup de feu qui a tué le technicien de scène Denis Blanchette et blessé son collègue Dave Courage.

DIEU

«Il a dit (aux policiers): “Merci, mon Dieu, mon arme s’est enrayée”. Donc, ça allait avec sa mission. Dieu a arrêté l’arme, donc la mission s’arrêtait là», a-t-elle dit. Selon Bain, il aurait même été facile pour lui de remplacer le chargeur, mais il ne l’a pas fait afin de respecter la volonté de Dieu de mettre fin à la mission, a-t-elle ajouté.

Selon la psychiatre, le 4 septembre 2012, il est plus probable que Bain «ait été psychotiqu­e qu’il ne l’ait pas été».

Mercredi, la psychiatre a dit au jury que lorsqu’elle a rencontré l’accusé en septembre et en novembre 2012, il était «clairement psychotiqu­e» au point où elle avait jugé à l’époque qu’il n’était pas apte à subir son procès.

Le procès se poursuit aujourd’hui.

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Richard Henry Bain est accusé de meurtre et de tentatives de meurtre relativeme­nt à la fusillade au Métropolis le soir du 4 septembre 2012.

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