Le deuxième tueur du prêtre identifié
L’opposition accentue ses accusations de laxisme contre le gouvernement français
PARIS | (AFP) L’enquête sur l’assassinat d’un prêtre dans une église en France a progressé hier avec l’identification formelle du deuxième tueur, fiché depuis peu pour radicalisation islamiste, alors que l’opposition de droite accentue ses accusations de laxisme contre le gouvernement socialiste.
Sur les lieux du drame, plusieurs milliers de personnes ont rendu hommage au père Jacques Hamel, 86 ans, égorgé mardi pendant qu’il célébrait la messe dans son église de Saint-étienne-du-rouvray, dans le nord-ouest de la France.
Selon le procureur de Paris, les enquêteurs ont identifié Abdel Malik Petitjean, 19 ans, comme le deuxième assassin du prêtre. De même que l’autre agresseur, il a été abattu par les forces de sécurité aussitôt après l’attentat.
Ce jeune Français originaire d’aix-lesBains n’avait jamais été condamné, mais il était fiché depuis le 29 juin pour radicalisation islamiste, après avoir tenté de rejoindre la Syrie via la Turquie.
Il apparaît en train de proférer des menaces contre la France dans une vidéo diffusée par un organe de propagande de l’organisation État islamique (ÉI), l’agence Amaq, a révélé hier le centre américain de surveillance de sites djihadistes SITE.
ARRESTATIONS
Sur cette vidéo d’une durée de 2 minutes 26 secondes, on le voit parler à la caméra apparemment seul à l’intérieur d’un logement. Il profère des menaces contre la France dans un français entrecoupé de phrases en arabe et s’adresse directement au président François Hollande et au premier ministre Manuel Valls.
Trois personnes de son entourage familial ont été arrêtées, selon une source proche de l’enquête, de même qu’un autre jeune Français également fiché par les services de renseignement, qui s’était rendu avec lui en Turquie le 10 juin.
L’enquête avait déjà permis d’établir l’identité du premier tueur du père Ha- mel: Adel Kermiche, un Français de 19 ans.
« GUANTANAMOÏSATION »
Après un bref moment de cohésion, la classe politique s’est à nouveau déchirée hier.
L’attaque de mardi constitue un nouveau choc en France, moins de deux semaines après l’attentat de Nice. Face à la menace terroriste, l’opposition de droite et le pouvoir socialiste s’affrontent sur leur conception de l’état de droit.
Le président Hollande a annoncé vouloir créer d’ici l’automne une Garde nationale afin d’aider les forces de l’ordre à lutter contre les attaques terroristes.
L’ex-président Nicolas Sarkozy, chef du parti d’opposition Les Républicains, a de nouveau dénoncé le «refus du débat» du gouvernement sur les centres de rétention préventive pour les suspects de radicalisation. «L’arbitraire n’est pas acceptable», a rétorqué le ministre de la Justice, Jean-jacques Urvoas, récusant toute «“guantanamoïsation”» du droit français.