Le Journal de Quebec

La coupe Stanley de rod Gilbert

- marc de foy marc.defoy@quebecorme­dia.com

Rod Gilbert est un des grands joueurs de l’histoire de la Ligue nationale de hockey à n’avoir jamais remporté la coupe Stanley. En 18 ans avec les Rangers de New York, il n’a atteint la finale qu’une fois. C’était en 1972, contre les Bruins de Boston. Les Rangers avaient beaucoup de talent, mais les Bruins misaient sur un certain Bobby Orr.

«Yvan Cournoyer a gagné la coupe 10 fois avec le Canadien, il faut croire que je ne jouais pas avec la bonne équipe», laisse tomber Gilbert avec le sourire.

Quatre mois après avoir été vaincus par les Bruins, Gilbert et ses compagnons de trio Jean Ratelle et Vic Hadfield se sont retrouvés sur la glace du Forum avec un chandail rouge frappé d’une feuille d’érable stylisée sur le dos.

Commençait une aventure qui allait tenir le Canada en haleine durant tout le mois de septembre.

«Notre victoire dans la Série du siècle, c’est ma coupe Stanley!» proclame Gilbert.

Comme tous ses coéquipier­s de l’équipe canadienne, l’ancien ailier droit des Rangers a quantité de flashes de cette série qui lui reviennent à la mémoire.

TRETIAK ? Y A RIEN LÀ !

Gilbert ne savait rien des joueurs soviétique­s. Il ne les avait jamais affrontés.

Jusque-là, les Soviétique­s s’étaient fait les dents sur les joueurs amateurs que le Canada déléguait aux Jeux olympiques et aux championna­ts du monde.

La Tchécoslov­aquie, la Suède, la Finlande et les États-unis n’étaient pas encore des puissances du hockey.

Gilbert n’avait aucune raison de croire que les profession­nels canadiens de la Ligue nationale auraient de grandes difficulté­s contre l’équipe nationale soviétique.

Les éclaireurs canadiens John Mclellan et Jack Davidson, respective­ment entraîneur et recruteur en chef des Maple Leafs de Toronto, n’avaient rien fait non plus pour les dissuader du contraire.

«Ils nous avaient dit qu’on pourrait déjouer le gardien soviétique de la ligne rouge», se souvient Gilbert.

«Apparemmen­t, ils l’avaient vu le lendemain de son mariage!»

C’est possible, car le gardien en question, Vladislav Tretiak, s’est marié le 23 août 1972, six semaines seulement après avoir fait la connaissan­ce de sa conjointe Tatiana.

Mclellan et Davidson n’étaient restés à Moscou que quatre jours et ils n’avaient vu Tretiak que dans un match intraéquip­e au cours duquel il avait accordé huit buts. La victoire était acquise d’avance. «Un journalist­e de Toronto, Dick Beddoes, avait déclaré qu’il mangerait son journal si on perdait un seul match dans la série, reprend Gilbert. Il a été obligé de le manger après le premier match!»

C’est sans compter le savon que Gilbert s’est fait servir par son frère aîné Jean-marie, son plus grand allié dans son cheminemen­t vers la LNH.

«En me voyant après la rencontre, il m’a demandé ce qu’il s’était passé», relate Gilbert. «Je lui ai répondu: “Je t’ai acheté un billet, tu n’as pas vu le match? Tu n’as pas vu comme ils (les joueurs soviétique­s) sont bons?” «Il m’avait lancé que nous n’étions qu’une bande de bums et que nous étions une honte pour le pays! Je lui avais rétorqué: “Ho! là!”»

LA FUSÉE KHARLAMOV

La panique s’est emparée du Canada tout entier.

Comment des joueurs vedettes de la Ligue nationale avaient-ils pu s’incliner 7 à 3 au Forum devant l’équipe nationale de l’union soviétique?

De l’avis de tous, les joueurs canadiens étaient trop puissants pour leurs adversaire­s. Le trio Hadfield-ratelle-gilbert avait dominé la LNH la saison précédente en totalisant 312 points.

Émule de Jean Béliveau, Ratelle avait amassé 109 points, 3 de plus que Hadfield, qui avait connu la saison de sa carrière en marquant 50 buts. Gilbert avait inscrit 43 buts et obtenu 54 mentions d’aide pour un total de 97 points.

«On menait 2 à 0 quand on a fait notre première présence sur la glace dans le premier match», continue Gilbert.

«On est restés sur la glace deux minutes (c’était la norme à l’époque) et je n’avais pas touché au puck. À mon retour au banc, j’ai demandé à Jean s’il avait eu la rondelle, il m’a répondu que non.

«Je jouais contre Valeri Kharlamov, qui patinait à la vitesse d’une fusée», ajoute Gilbert en riant.

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Le but de Paul Henderson représenté sur un tableau qu’il a reçu en souvenir de son exploit lors de la Série du siècle.
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Lasériedus­iècleentre­lalnhetlaf­ormationna­tionaledel’union soviétique­enseptembr­e1972estgr­avéeàjamai­sdanslamém­oiredes amateursqu­il’ontvécue.lesacteurs­decettesér­ieferontun­etournée dansquatre­villescana­diennesbie­ntôt,dontàmontr­éalle2sept­embre....
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rod gilbert Ex-joueur des Rangers

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