Le Journal de Quebec

Adonis aura les blancs

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QUÉBEC | Vous connaissez les échecs? Pour les plus jeunes, c’est un jeu qui demande une grande capacité d’analyse, une bonne compréhens­ion d’une stratégie et une grande facilité à s’adapter aux attaques d’un ennemi.

Autrement dit, c’est pas tout à fait Pokémon…

À Moscou, en 1980, je m’étais lié d’amitié avec Viktor Martinov, le chef de la rédaction à l’agence Novosti. Ou, pour parler plus franchemen­t, un haut gradé du KGB.

On parlait de l’union soviétique et des États-unis de Ronald Reagan. Viktor m’avait alors dit pour expliquer la différence de mentalité entre les deux empires: «Les Américains jouent au cowboy. Ils tirent partout. Nous autres, on joue aux échecs. À long terme, le joueur d’échecs finit par gagner».

Viktor s’était trompé et l’empire s’est écroulé.

Hier, les paroles de Viktor me sont revenues en mémoire à cause des explicatio­ns d’adonis Stevenson après la pesée. Je savais qu’adonis adorait les échecs mais hier, c’est lui qui a abordé le sujet. Et dans un contexte précis.

Son combat contre Thomas Williams.

UNE DÉFENSE SICILIENNE

«Non, je ne regarde pas les vidéos de mon adversaire avant un combat. C’est dans le ring que ça se passe. Je pense que je suis habile à m’adapter et à réagir devant le style et les points forts et les faiblesses d’un opposant. Vous ne le savez peut-être pas, mais je suis un joueur d’échecs. J’adore les échecs et j’ai lu de nombreux traités sur l’art des échecs. J’ai acheté des livres racontant les grands tournois et j’ai recréé certaines parties sur mon échiquier. Je sais ce que sont la défense sicilienne et le gambit.

«Je pense que dans le ring comme dans les échecs, je suis capable d’avoir huit ou neuf coups d’avance sur mon adversaire. Contre Thomas Williams, ça va être la même chose. À un moment donné, il va sentir comment je frappe et il va avoir peur. Il est déjà intimidé. Je l’ai vu tout à l’heure à la pesée. Il a baissé les yeux, il sait ce qui l’attend», a dit Stevenson.

LE COUP DU BERGER

Pour rester dans les échecs, je pense que Thomas Williams va tenter le coup du Berger dès le coup de gong du premier round. Quand un joueur d’échecs affronte un novice, il sort sa reine et son fou et attaque le côté faible du roi adverse et peut gagner en trois petits coups.

Williams va sortir en «swingant» de tous les angles. C’est de cette façon qu’il a gagné le droit d’affronter Adonis Stevenson. En frappant sans retenue quitte à se faire cogner d’aplomb. Il a du punch, il est en forme et il est très énergique dans un ring. Assez pour inquiéter un adversaire.

Maintenant, il y a de nombreuses défenses contre le coup du Berger. Un joueur comme Adonis Stevenson va pouvoir sortir un tout petit pion ou un cavalier s’il veut contre-attaquer tout de suite. Et selon moi, c’est ce qui va arriver.

Sortie en force de Thomas Williams, bonne défense technique et tactique de Stevenson et la contre-attaque. Avec comme résultat une victoire par knockout avant la fin du sixième round.

UNE VRAIE PRÉPARATIO­N

Les échecs, c’est bien beau. Mais y a jamais une tour qui a donné un uppercut du droit. Faut savoir dans quoi le champion s’embarque.

Si Stevenson n’a pas visionné les combats de Thomas Williams, son entraîneur Sugar Hill l’a fait: «J’ai regardé les combats de Williams. J’ai analysé son style et sa façon de boxer. Puis, dans le ring avec Adonis, j’ai imité Williams. J’ai imité sa façon de se battre. Le plus fidèlement possible. De cette façon, Adonis connaît les séquences de Williams et il sera prêt à s’ajuster si besoin est», a expliqué Sugar hier après-midi.

Sugar était confiant. Adonis était confiant. Yvon Michel, toujours inquiet, était quand même confiant.

Ça va être une défense sicilienne et une attaque au corps par la reine avec un crochet du droit du fou suivi d’un jab de la tour…

DANS LE CALEPIN – Les dirigeants du Centre Videotron ont un gros défi sur les bras pour faire rouler l’édifice. Mais quand j’apprends comment ils réagissent dans certaines situations, je me dis qu’ils ne sont pas sortis du bois…

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PHOTO JOURNAL DE QUEBEC, STEVENS LEBLANC Adonis Stevenson est confiant à l’approche de son combat face à Thomas Williams au Centre Vidéotron.

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