les ordonnances aux aînés explosent
Le nombre d’ordonnances aux 65 ans et plus a explosé en cinq ans
Le nombre d’ordonnances d’antidépresseurs aux aînés québécois a augmenté de 56 % en seulement cinq ans, a appris Le Journal.
En 2015, pas moins de 4 647 065 ordonnances ont été remises à des gens de 65 ans et plus assurés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
Il s’agit d’un bond spectaculaire de 56 % par rapport à 2010, alors qu’un peu moins de trois millions d’ordonnances avaient été remboursées ( voir tableaux).
«C’est énorme. […] Et c’est déprimant», réagit Pierre Blain, directeur du Regroupement provincial des comités d’usagers.
«Les médecins traitent avec une pilule plutôt que de trouver la vraie solution. On a un problème de société», ajoute-t-il, comparant ce phénomène à celui du Ritalin chez les enfants hyperactifs ( voir autre texte).
Entre 2010 et 2015, le nombre de personnes âgées qui ont eu au moins une ordonnance d’antidépresseurs est passé de 143 884 à 196 243 (+36 %). Bien qu’il s’agisse d’un facteur à prendre en considération, le vieillissement de la population n’explique pas tout. La proportion de personnes de plus de 65 ans a augmenté de 20 % de 2010 à 2015, selon l’institut de la statistique du Québec.
Près de 90 % des 65 ans et plus ont une assurance médicament avec la RAMQ.
L’an dernier, la facture totale a atteint 36,8 millions $. À noter que le coût des médicaments a diminué de 7,7 % entre 2010 et 2011, ce qui explique la faible hausse de la facture totale en cinq ans.
UN « MOINDRE MAL »
La RAMQ précise que certains antidépresseurs sont aussi prescrits pour soigner l’angoisse et la douleur neuropathique.
Cette classe de médicaments est effectivement préférable aux anxiolytiques (pour l’angoisse), confirme une gériatre.
«Les antidépresseurs, c’est le moindre mal comparativement aux autres médicaments dans la sphère psychiatrique. Ils sont “moins pires”», explique la Dre Lucie Boucher, du Centre hospitalier de l’université de Montréal (CHUM).
Récemment, les recherches ont montré que les anxiolytiques peuvent créer une dépendance et accroître le déclin des fonctions cognitives et les chutes.
MEILLEURE QULITÉ DE VIE
Bien qu’elle considère que la prise de médicament ne soit pas l’unique solution, Dre Boucher observe une meilleure qualité de vie chez des patients médicamentés.
«Ça ne fonctionne pas pour tout le monde, mais chez certains, ça fait une différence», dit-elle, ajoutant que les aînés sont davantage portés à parler de leurs problèmes de déprime et d’angoisse qu’auparavant.
Outre les maladies cognitives, plusieurs problèmes peuvent mener à la prise d’antidépresseurs, dont le passage à la retraite, la perte du permis de conduire et les deuils.