Le financement a explosé depuis 10 ans
Quatre universités, dont Laval, se sont enrichies de 350 M$ grâce à l’augmentation du corps médical
Les quatre universités québécoises équipées d’une faculté de médecine se sont enrichies de 350 millions $ depuis 10 ans alors que les autres se sont appauvries, a appris Le Journal.
Les facultés de médecine des universités de Montréal, de Sherbrooke, Laval et Mcgill ont vu leur financement bondir de 30 % par année depuis 10 ans. Au total, les quatre universités ont encaissé 350 millions $ de plus que les autres pour former des médecins, a découvert l’équipe de recherche de Martin Maltais, professeur à l’université du Québec à Rimouski (UQAR).
Il y a dix ans, les quatre facultés de médecine ont reçu 129millions$ pour préparer les futurs médecins; dix années plus tard, sans même tenir compte de l’inflation, elles recevaient 237 millions $, ont calculé M. Maltais et son équipe en mettant en commun les règles de financement du ministère de l’éducation et les populations étudiantes en médecine.
UNE DÉCISION DE 2007
D’une année à l’autre, le financement des facultés de médecine augmentait de plusieurs dizaines de millions, soutient Martin Maltais. Cette augmentation du financement des facultés de médecine découle d’une décision prise, en 2007, par le gouvernement de Jean Charest qui souhaitait augmenter le nombre de médecins.
L’opération ne s’est pas faite sans dommages ailleurs, soutient Martin Maltais. «Il y a des domaines disciplinaires défavorisés de façon importante. Pour un étudiant qui entre en éducation au 2e cycle, j’ai 40 % moins d’argent que j’en avais il y a 10 ans. Comment peut-on dire que l’éducation est une priorité nationale si on n’a pas les moyens adéquats pour former des directeurs d’école», s’insurge le professeur Maltais.
« DEUX POIDS, DEUX MESURES »
D’autres matières comme les mathématiques ont vu leur financement fon- dre de 38 % depuis 10 ans. Une injustice, soutient Martin Maltais.
«On est dans du deux poids deux mesures, dans un contexte où on appauvrit tout le reste de la société avec des compressions dans les autres universités, dans les collèges, les écoles primaires et secondaires et dans le réseau de la santé.»
Les universités disposant d’une faculté de médecine offrent des salaires plus élevés à leurs gestionnaires. «C’est là que j’ai les salaires de gérance les plus élevés. L’université de Montréal pré- sente des coûts de gestion 3,3 fois plus élevés que L’UQAM, pour des clientèles étudiantes comparables», signale Martin Maltais.