Le Journal de Quebec

De la Hollande à Hong Kong

- Dominique Scali dominique.scali@quebecorme­dia.com

Il est entré à l’école primaire alors qu’il ne parlait pas un mot de français ni d’anglais. Six décennies plus tard, la firme de gestion de placement du millionnai­re J. Sebastian van Berkom, l’une des premières à investir dans Couche-tard, a des ramificati­ons jusqu’à Hong Kong.

«C’était assez rough », se rappelle l’homme de 70 ans, qui a passé ses premières années à faire rire de lui dans une école anglophone de Montréal, alors qu’il était le seul à ne parler ni anglais ni français.

J. Sebastian van Berkom, aujourd’hui un philanthro­pe reconnu, est arrivé au Québec dans les années 1950 à six ans. Sa famille avait quitté la Hollande après la Seconde Guerre mondiale parce que le pays se remettait difficilem­ent de l’occupation allemande.

Son père gagnait un salaire modeste comme artiste commercial, à créer des affiches publicitai­res et des pages de catalogues.

PIONNIER

Le jeune Sebastian a donc commencé à faire de petits boulots vers l’âge de 11 ans: livrer les journaux, couper le gazon, travailler dans une quincaille­rie.

«Si je voulais aller à la danse du samedi, je n’avais pas d’argent autrement», dit celui qui a grandi à Rosemère.

Après avoir fait un baccalauré­at en marketing à l’université Concordia, il a travaillé comme analyste chez Bell. C’est alors qu’il s’est intéressé aux petites capitalisa­tions, ces petites entreprise­s qui avaient un bon potentiel de croissance, mais qui étaient encore sous-évaluées.

Il travaillai­t alors quelque 18 heures par jour. «C’était fou. J’aimais tellement ça. Je voulais tout comprendre», dit-il.

REPARTIR À ZÉRO

M. van Berkom a fondé en 1991 sa propre compagnie, qui gère notamment des caisses de retraite. «Quand j’ai commencé, personne ne me connaissai­t dans le milieu.» Il lui a donc fallu près d’un an pour trouver son premier client.

Parmi ses bons coups, van Berkom et associés a été une des premières sociétés à investir dans Aliments Couche-tard, un titre qui a par la suite pris une expansion fulgurante.

Fier de ces succès, il a ouvert une division américaine dans les années 2000, puis une division à Hong Kong.

«Chaque fois, on repartait à zéro, avec aucun client.» Aujourd’hui, toutes ses divisions gèrent un total de 5 milliards de dollars, estime-t-il.

La seule chose qu’il regrette est le temps en famille qu’il n’aura pas connu. «Nos partenaire­s deviennent une seconde famille. Mais peut-être que je n’ai pas passé assez de temps avec mes [deux] filles», avoue celui qui est aujourd’hui grand-père de cinq petits-enfants.

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Grâce à son don de 500 000 $, le Musée des beaux-arts de Montréal a pu acquérir le Soleil de Dale Chihuly.
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