Le Journal de Quebec

Des dizaines de patients subissent des délais indus à Québec

- JOHANNE ROY

À Québec, quelque 294 personnes subissent des délais indus de plus de deux mois pour une première évaluation avec un psychiatre. C’est au-delà d’une centaine de patients de plus qu’à pareille date, l’an dernier.

La situation s’est en outre passableme­nt détériorée depuis la fin avril. Les délais actuels contribuen­t à l’engorgemen­t important observé dans les urgences psychiatri­ques de la région, au cours des dernières semaines.

«C’est inacceptab­le! La prise en charge des rendez-vous est loin d’être optimale. On en a plein les bottines», convient le directeur des services profession­nels au CIUSSS de la Capitale-nationale, le Dr Pierre Laliberté.

PÉNALITÉS FINANCIÈRE­S

Le Module évaluation-liaison (MEL) régional, qui dirige les demandes de consultati­on provenant des médecins de famille vers les psychiatre­s, remplit mal son rôle, selon le Dr Laliberté. «Force est de constater que la disponibil­ité des psychiatre­s n’est pas au rendez-vous. On travaille depuis un an avec le ministère de la Santé sur une autre approche provincial­e, afin de s’attaquer à ce problème», formule-t-il.

À compter de janvier 2017, les demandes pour une première évaluation en psychiatri­e convergero­nt vers le nouveau Centre de répartitio­n des demandes de services (CRDS) chapeauté par le CIUSSS de la Capitale-nationale.

Conforméme­nt aux engagement­s pris dans le cadre de la Loi 20, les psychiatre­s, à l’instar des autres médecins spécialist­es, devront offrir des rendez-vous en temps utile, sous peine de pénalités financière­s allant jusqu’à 30 % de leur rémunérati­on, prévient le Dr Laliberté.

MANQUE DE RESSOURCES

Benoît Côté, de l’organisme communauta­ire PECH, déplore «qu’après 17 h, à Québec, à part la ligne Info-santé et l’urgence, tout est fermé. Il n’y a pas d’équipes psychosoci­ales pour accueillir les gens en détresse, la mère de famille dépressive ou le père de famille qui a perdu sa job.»

En trois ans, le nombre de personnes «multipoqué­es» qui se retrouvent en détention a doublé à Québec, argue M. Côté. «C’est devenu la solution expéditive pour cette clientèle à problèmes multiples de toxicomani­e, de santé mentale, d’itinérance, afin de régler les situations de crise, parce que le réseau de la santé n’offre pas les services adéquats», constate-t-il.

Les intervenan­ts de PECH secondent les policiers lors des situations de crise psychosoci­ale ou psychiatri­que, en moyenne quatre à cinq fois par jour. «J’ai une intervenan­te à temps plein au centre de détention de Québec. Le nombre de personnes dont elle s’occupe est passé de 175 à 350. On n’arrive pas à endiguer le flot», soulève M. Côté.

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