Halak n’a pas oublié
Jaroslav Halak a toujours cru en ses moyens et c’est tout un compétiteur
Bien des gens perçoivent la finale de la Coupe du monde entre l’europe et le Canada comme un duel entre Jaroslav Halak et Carey Price. C’est pourtant injuste pour les deux gardiens de décrire l’événement ainsi.
On s’entend pour dire que le Canada possède toute une machine de hockey et, en ce sens, c’est presque mission impossible pour Halak et ses coéquipiers de huit pays de vaincre l’unifolié dans une série 2 de 3.
Il s’agirait d’un véritable miracle et je m’attends à un balayage du Canada.
D’un autre côté, Price peut difficilement être le héros de cette série. Il passera certainement de longues minutes sans recevoir de tirs et il n’aura qu’à faire quelques bons arrêts ici et là pour assurer la victoire aux siens.
Les gardiens ont toutefois la mémoire longue et ni Halak ni Price n’ont oublié leur vieille rivalité, alors que tous deux défendaient le filet du Canadien.
RELATION TENDUE AVEC PRICE
On se souvient tous des séries de 2010, alors que Halak a joué les héros pour mener le Canadien à la finale de l’association de l’est. Quelques semaines plus tard, il était échangé aux Blues de St. Louis, au grand désarroi de milliers de partisans du Canadien qui doutaient de Price.
Même si Price représentait l’avenir à Montréal, Halak a toujours cru en ses moyens et c’est tout un compétiteur. Il n’a jamais fait de vagues, mais il est évident qu’il avait une relation tendue avec Price.
On l’a bien senti dans l’entrevue qu’il a accordée à notre confrère de TVA Sports Renaud Lavoie, dimanche, après la victoire en prolongation de l’europe contre la Suède.
Après quelques questions d’usage sur le parcours d’équipe Europe, Renaud lui a posé une question sur l’éventuelle finale contre Price. Halak a contourné la question en parlant de l’aspect collectif. Renaud est revenu à la charge avec une deuxième question sur Price. Cette fois, Halak n’a pas eu d’autre choix que de répondre, mais sans nommer Price, et il a simplement dit que c’est un excellent gardien.
LOURDE COMMANDE
Si on m’avait posé une question sur un ancien coéquipier comme Alex Ovechkin, par exemple, j’aurais parlé affectueusement d’«ovy». On voit qu’il n’y a pas de grande amitié entre Price et Halak, même s’il y a un certain respect.
La commande est lourde pour Halak contre le Canada. Il sera bombardé par la bande à Sidney Crosby, mais la clé, dans son cas, est de ne pas penser trop loin. Le Canada lui réserve peut-être le même sort qu’il a servi à Sergeï Bobrovsky. Ce dernier a été sensationnel devant le filet des Russes en demi-finale, mais le Canada n’a jamais levé le pied et il a marqué trois buts rapides en troisième période. Le Canada est en mission.
L’OPPORTUNISME D’HALAK
Une chose est certaine, Halak est déjà l’un des grands gagnants de cette Coupe du monde. Il a probablement été le meilleur gardien (3-1, ,947, 1,96) en stoppant 142 des 150 tirs dirigés vers lui et il est le grand responsable des succès de son équipe. Depuis les séries de 2010 avec le Canadien, il s’agit de sa plus belle vitrine, mais on oublie qu’il a aussi très bien fait avec les Blues et avec les Islanders.
Oui, Price est le meilleur gardien de la LNH, mais Halak, à mon avis, n’est pas loin du top 10.
Pas mal pour cet éternel négligé qui aurait possiblement été sur le banc d’équipe Europe n’eût été la blessure de Frederik Andersen.
– Propos recueillis par Gilles Moffet