Mettez ça dans votre pipe !
TORONTO | Le directeur général d’équipe Europe, Miroslav Satan, ne va pas jusqu’à dire qu’il rit dans sa barbe. Par contre, il est bien content de pouvoir dire tout haut qu’il espérait que sa formation fasse mentir tout le monde à la Coupe du monde.
Contre toute attente, l’équipe européenne sera l’adversaire du Canada dans la finale qui s’amorcera ce soir.
Là encore, personne ne lui accorde la moindre chance, ne serait-ce que pour remporter un match.
C’est probablement ce qui va arriver, sinon on se sera fourvoyé une fois de plus.
BELLE HISTOIRE
Le parcours d’équipe Europe est une belle histoire. C’est comme ça avec les formations négligées qui finissent par attirer l’attention.
Les commentaires des journalistes et les amateurs qui les disent perdants d’avance leur servent de motivation.
«L’expérience que j’ai connue à titre de joueur m’a toujours montré qu’un match de hockey se joue sur la glace, dit Satan, qui a connu une belle carrière de 14 saisons dans la Ligue nationale.
«Ce que les gens pensent ou prévoient n’a aucun impact.» C’est tout à fait vrai. Journalistes et amateurs ont beau faire de savantes analyses, ils peuvent se tromper royalement. Les statistiques avancées ne sont pas une bible non plus.
La réussite passe par la passion. Les athlètes sont les premiers à dire que sans le travail, le talent n’offre pas une garantie de succès.
COMME UNE ÉQUIPE D’EXPANSION
Les membres de l’équipe européenne avaient peu de temps pour se préparer et arriver à former une équipe qui se tient.
À cet égard, ils étaient nettement désavantagés par rapport aux formations établies comme le Canada et la Suède, notamment.
Mike Babcock avait dirigé bon nombre de ses joueurs aux Jeux olympiques de Vancouver et de Sotchi avant cette Coupe du monde.
La machine est rodée au quart de tour.
Satan, quant à lui, avait le mandat d’un directeur général d’une équipe de l’expansion.
Il a réuni des joueurs provenant de huit pays, soit l’allemagne (8), la Slovaquie (6), son pays natal, la Suisse (6), le Danemark (4), la Norvège (1), l’autriche (1), la Slovénie (1) et la France(1).
Une vraie tour de Babel!
JOUEURS ÉTABLIS
Satan et le président de l’équipe, Franz Reindl, qui préside la Fédération allemande de hockey et qui siège au conseil de la Fédération internationale, ont confié le poste d’entraîneur en chef à Ralph Krueger, un Canadien originaire du Manitoba qui a surtout fait carrière en Europe.
Satan a cru en son personnel d’entraîneurs et en son équipe.
«J’espérais fermement, au fond de moi, que l’on se rende où on est, mais je n’en parlais pas, continue-t-il.
«Je savais qu’on misait sur d’excellents joueurs. On compte dans notre groupe des joueurs qui ont remporté des compétitions internationales et des coupes Stanley.
«Nos entraîneurs disposaient de peu de temps, mais ils ont fait du bon travail pour unifier notre troupe. Ils ont dit aux joueurs de croire en leurs moyens et de se faire confiance les uns envers les autres. Les gars ont du plaisir à être ensemble.»
LE RESPECT
Comme le rappelait Krueger après la victoire des siens contre la Suède dimanche, ses joueurs ne sont pas les derniers venus. On parle de joueurs de la Ligue nationale.
Quelques-uns d’entre eux, comme Mark Streit, qu’on a vu avec le Canadien, ont fait preuve d’une belle persévérance pour atteindre la grande ligue.
Ils ont droit au même respect que les joueurs des pays où le hockey est une tradition. Ils sont dans la LNH parce qu’ils ont le talent nécessaire pour y jouer.
Le plus difficile est à venir, mais les membres d’équipe Europe peuvent être satisfaits de ce qu’ils ont fait jusqu’ici.
«On a prouvé à tout le monde qu’ils avaient tort, dit Satan.
«J’en retire une grande satisfaction et je suis très heureux de faire partie de ça.»
Il y a effectivement de quoi être fier.