Le Journal de Quebec

Nadeau-dubois : le débat persiste

- CLAUDE VILLENEUVE

«Victoire de la liberté d’expression!» «Un gain pour les mouvements sociaux!» «Non à la judiciaris­ation des luttes!»

Ça, c’est un condensé de ce qu’on pouvait lire en ligne suite à l’annonce de la victoire de Gabriel Nadeau-dubois en Cour suprême. Cette dernière en est venue à la conclusion que le militant n’avait pas commis d’outrage au tribunal, comme l’affirmait le plaignant Jean-François Morasse.

Malheureus­ement, on peut bien être sympathiqu­e à la cause étudiante, il faut avoir l’honnêteté de conclure que le jugement rendu hier ne la confirme pas dans le bien-fondé qu’elle revendique.

PAS D’INTENTION COUPABLE

Ce que dit le jugement, en fait, c’est que la poursuite n’est pas parvenue à prouver que M. Nadeau-dubois était au courant de la décision rendue par la cour, pour garantir aux étudiants l’accès aux salles de classe. Pour que le fait de défier une injonction soit assimilé à un outrage au tribunal, il faut démontrer que le contrevena­nt agissait en toute connaissan­ce de cause.

La question à la base des recours, c’était de savoir si les étudiants disposaien­t d’un droit de grève. Depuis le Moyen Âge, on présumait qu’il existait, mais lors du conflit de 2012, on a présenté l’argumentat­ion selon laquelle on parlait davantage d’un boycottage, qu’on ne pouvait imposer à tout le monde.

Les groupes étudiants affirment plutôt qu’en vertu de la liberté d’associatio­n, les décisions prises en assemblée générale doivent être considérée­s comme légitimes et appliquées intégralem­ent.

LA QUESTION DEMEURE

À ce débat, jamais personne n’a encore apporté de réponse, puisque la plupart – si ce n’est la totalité – des injonction­s accordées pendant le conflit étaient interlocut­oires. Elles visaient à faire cesser immédiatem­ent une pratique, soit le piquetage devant les salles de classe, sans se prononcer sur le fond.

De telle sorte qu’aucune instance supérieure n’a tranché cette question importante quant au droit des étudiants. Elle demeure donc pendante, jusqu’à la prochaine grève. Le jugement d’hier est une très bonne nouvelle pour Gabriel Nadeau-dubois. Pour le reste du mouvement, il faudra attendre.

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Ex-rédacteur de discours de Pauline Marois

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