Le Journal de Quebec

L’ordinateur doit être rendu à notre journalist­e

- SARAH BÉLISLE Le Journal de Montréal

L’enquête sur un journalist­e du Journal qui a eu accès à des documents confidenti­els du Conseil de la magistratu­re doit cesser immédiatem­ent, réclame le rédacteur en chef du quotidien.

«Avant de porter plainte et de déclencher une enquête criminelle sur les actions de notre journalist­e, le Conseil de la magistratu­re aurait dû vérifier que son site internet, où se trouvaient les documents en question, était sécurisé. Clairement, ce n’était pas le cas», a déclaré Dany Doucet.

Le Conseil a porté plainte à la Sûreté du Québec, alléguant que Michael Nguyen avait eu accès indûment à des documents confidenti­els sur le comporteme­nt d’une juge après une fête de Noël. La SQ a saisi l’ordinateur du journalist­e le 21 septembre. L’appareil a été mis sous scellés jusqu’à l’audition d’une requête, le 16 décembre, pour faire casser la perquisiti­on.

NÉGLIGENCE

Or, ces documents n’étaient l’objet d’aucune mesure de protection. Notre journalist­e y a eu accès à partir d’une simple recherche sur Google. «Il est évident que le Conseil est l’architecte de son propre malheur, continue M. Doucet. Nous demandons à la SQ de rendre son ordinateur à notre journalist­e.»

D’ailleurs, La Presse a révélé hier avoir «été en mesure de retrouver sur le site du Conseil tous les documents prétendume­nt obtenus illégaleme­nt par le journalist­e du Journal ».

«Les fichiers PDF et vidéo ont pu être téléchargé­s sans qu’aucun mot de passe soit demandé par le site ou que d’autres mesures de sécurité y fassent obstacle. Aucun avertissem­ent indiquant que le contenu était confidenti­el n’a été affiché», écrivait-on.

Ceci rejoint les prétention­s du Journal, qui a toujours soutenu que son reporter n’avait rien fait d’illégal.

DÉCISION RAPIDE

«Je pense que les procureurs du DPCP [Directeur des poursuites criminelle­s et pénales] doivent terminer leur étude du dossier, prendre position rapidement et ne pas déposer d’accusation­s. C’est le temps d'arrêter de dépenser l’argent des contribuab­les pour une chasse aux sorcières afin que le Conseil de la magistratu­re ait l’air moins négligent», a insisté Dany Doucet.

De son côté, la SQ a indiqué ne pouvoir rendre l’ordinateur de son propre chef.

«La Sûreté du Québec ne peut unilatéral­ement disposer d’un bien obtenu par l’entremise d’une autorisati­on judiciaire. Ultimement, ce sera à la cour de trancher», a expliqué le capitaine Guy Lapointe.

«Nous ferons valoir nos arguments le 16 décembre prochain devant la cour», s’est aussi contenté de dire Me Jean-pascal Boucher, porte-parole du DPCP.

Newspapers in French

Newspapers from Canada