Davantage d’aide médicale à mourir à Québec à cause de la religion
Sociologue à ses heures, Gaétan Barrette estime que l’aide à mourir est davantage sollicitée dans la région de Québec, car sa population est moins religieuse qu’à Montréal.
Le ministre de la Santé l’a constaté luimême lors du dévoilement du premier rapport de la Commission sur les soins de fin de vie, hier: le nombre de cas dans la grande région de Québec est beaucoup plus élevé qu’à Montréal, proportionnellement au nombre d’habitants.
Dans la région administrative de Montréal, il y a eu 54 demandes d’aide médicale à mourir pour deux millions d’habitants, soit un patient par 37 000 personnes.
À Québec, 45 personnes se sont prévalues de cette loi sur une population de 725 000, soit une demande pour 16 000 citoyens. «Toute proportion gardée, ça ne tient pas la route», a lancé Gaétan Barrette.
LE FAIT RELIGIEUX
Comment alors expliquer cette disparité? En prenant en compte le fait religieux. «Ça tient la route quand on regarde le tissu social de Montréal. À Montréal, on a des communautés ethniques qui sont plus nombreuses proportionnellement. Par exemple, on a des communautés ethniques qui sont souvent plus religieuses que d’autres», a interprété le ministre de la Santé.
Du côté de la région de la Capitale-nationale, la population «homogène», blanche et francophone, «a une relation avec sa propre religion» qui diffère.
«On peut comprendre que, lorsqu’on arrive devant la question de la mort, les catholiques francophones du Québec, compte tenu de leur évolution sociale, leur pensée soit différente, par exemple, d’autres religions... Je ne veux pas nommer de religion, mais je pense que tout le monde comprend qu’il n’y a pas d’uniformité làdedans au Québec.»
«Culturellement on peut avoir des groupes très, très, très neutres par rapport à la mort. Par opposition, on peut voir des groupes qui sont très, très, très religieux, par exemple, par rapport à la mort», a-t-il expliqué.
JEUNE FEMME DÉCÉDÉE
M. Barrette fait une comparaison avec le cas récent d’une jeune dame décédée après avoir refusé une transfusion sanguine dans un hôpital de la région de Québec: «Je ne veux pas revenir là-dessus, mais c’est un peu comme les catholiques et les témoins de Jéhovah. On n’a pas la même relation avec les transfusions».
Ce sont 262 personnes qui ont fait une demande d’aide médicale à mourir au cours des neuf derniers mois, le «triple» de ce à quoi s’attendait M. Barrette.