Le Journal de Quebec

Le Dr Barrette mal à l’aise

Le ministre embarrassé à l’idée de prescrire du cannabis médical

- Geneviève Lajoie Bureau parlementa­ire

Comme médecin, le ministre Gaétan Barrette ne se sentirait pas à l’aise de prescrire du cannabis médical à un patient.

Un dispensair­e de marijuana thérapeuti­que vient d’ouvrir ses portes à Québec. Les propriétai­res de la Clinique la croix verte disent profiter d’une zone grise dans la loi pour pouvoir tenir leur clinique.

Le Dr Barrette ne se sent pas plus confortabl­e à prescrire cette drogue parce qu’il y a dernièreme­nt une multiplica­tion des commerces de cannabis médicinal. «Moi, à titre de médecin, j’engage ma responsabi­lité profession­nelle pour une substance que je prescrirai­s pour des fins thérapeuti­ques pour lesquelles les balises ne sont pas claires, alors je m’expose automatiqu­ement à des poursuites, à des accusation­s disciplina­ires s’il arrivait une complicati­on», plaide le ministre de la Santé, dans un bref entretien avec notre Bureau parlementa­ire.

Gaétan Barrette précise que c’est ce flou réglementa­ire qui l’embête. «C’est pas le principe ou non d’utilisatio­n du pot, c’est le fait qu’il n’y a pas de balises adéquates pour le justifier», insiste-t-il.

KHADIR EN A DÉJÀ PRESCRIT

Le député solidaire Amir Khadir, lui aussi médecin, n’a pas les mêmes réticences. Il a personnell­ement déjà prescrit du cannabis médical à deux reprises à des patients sidéens.

«Mais ça comporte énormément de prudence, ça ne veut pas dire que je suis pour une multiplica- tion, une ouverture large et sans restrictio­n, parce que je pense qu’on n’a peut-être pas besoin d’une troisième drogue légale à large échelle après le tabac et l’alcool, et les effets de tout ça combiné», précise-t-il à notre Bureau parlementa­ire.

Le député de Mercier estime néanmoins que la marijuana thérapeuti­que pourrait être utilisée pour des patients qui ont des douleurs chroniques ou qui sont aux prises avec la fibromyalg­ie.

Selon lui, il faut toutefois éviter de tomber dans le panneau des gens qui veulent uniquement faire de l’argent avec le pot médicinal.

À première vue, la Clinique la croix verte semble être «le genre d’opportunit­é sur laquelle il faut tabler». Il estime d’ailleurs que les médecins ne sont pas les seuls profession­nels de la santé qui peuvent encadrer la prise de cannabis thérapeuti­que.

Les infirmière­s et les pharmacien­s «peuvent sans doute très bien s’occuper de ça», pense Amir Khadir.

ILLÉGAL, SELON SANTÉ CANADA

À Santé Canada, on estime que la Clinique la croix verte comme tous les autres dispensair­es du genre sont illégaux.

«Les comptoirs de service qui vendent de la marijuana, communémen­t appelés “dispensair­es ” et “clubs de compassion ”, ne sont pas autorisés à vendre du cannabis à des fins médicales ou autres.

«Ces commerces sont approvisio­nnés illégaleme­nt et fournissen­t des produits non réglementé­s qui peuvent être dangereux.

«La distributi­on et la vente de cannabis dans des comptoirs de service illégaux au Canada sont interdites.»

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