Le Journal de Quebec

Dur coup pour l'éolien en Gaspésie

- JUSTIN DUPUIS ET JEAN ST-PIERRE

GASPÉ | L’industrie éolienne en Gaspésie s’inquiète de voir Hydro-québec miser sur un autre projet de mégabarrag­e hydroélect­rique après 2020.

Mercredi, le PDG d’hydro-québec, Éric Martel, affirmait que la société d’état souhaite lancer un nouveau mégaprojet hydroélect­rique une fois que la constructi­on de La Romaine sera terminée en 2020. En Gaspésie, cette annonce a été accueillie froidement puisque l’on estime qu’hydro-Québec pourrait ainsi délaisser l'éolien.

«C’est 5000 emplois, dont 1200 en Gaspésie. S’il n’y a pas de nouveaux appels d’offres dans l'éolien, ça va freiner la croissance et c’est sûr qu’il y a une grosse partie de l’expertise qui va disparaîtr­e», explique Dave Lavoie, directeur du Créneau d’excellence en éolien à Gaspé. Ce dernier demeure optimiste, mais concède que les trois prochaines années seront critiques.

Le plus étonnant, croit M. Lavoie, c’est de miser sur les barrages alors que «l’éolien est appelé à devenir moins coûteux que l’hydroélect­ricité».

DIFFICILE À JUSTIFIER

Un nouveau mégabarrag­e est difficile à justifier, estime Pierre-olivier Pineau, titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal. «C’est difficile de comprendre pourquoi Hydro-québec continue à parler de nouveaux barrages dans les conditions actuelles, a-t-il expliqué. Ce matin [hier], on apprenait qu’hydro-québec n’a pas été retenue pour des contrats de vente en Nouvelle-angleterre. Ça montre qu’il reste des défis pour vendre notre hydroélect­ricité ailleurs.»

Un avis que partage Jean-thomas Bernard, professeur d’économie à l’université d’ottawa. «Ça fait des années qu’on dit qu’il y aurait un marché pour de l’électricit­é renouvelab­le dans le nord-est américain. Ça n’a pas été le cas, alors pourquoi le serait-ce dans huit ou dix ans? On n’a pas d’indication­s à cet effet-là», dit-il.

Le maire de la municipali­té de Gros-mécatina en Basse-côte-nord où coule une rivière qui intéresse Hydro-québec pour son prochain mégaprojet, Randy Jones, réagit avec prudence.

«On nous promet le prolongeme­nt de la Route et du développem­ent depuis toujours. La priorité, c’est de finir la Route 138. J’ai appuyé Hydro-québec une fois contre les Innus pour le barrage au lac Robertson. Cette fois, Blancs et Innus seront unis en Basse-Côte-nord. Hydro-québec devra faire les choses avec le milieu», a-t-il indiqué.

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