Le Journal de Quebec

PASSE-DROITS POUR DES ÉQUIPES SPORTIVES

Immigratio­n Canada sous enquête

- Éric Yvan Lemay l EYLEMAYJDM ericyvan.lemay@quebecorme­dia.com 514.591.5844

Le Canadien, l’impact et les Alouettes de Montréal ont profité pendant des années d’un accès privilégié à Immigratio­n Canada pour que leurs joueurs obtiennent plus facilement leur permis de travail, a constaté notre Bureau d’enquête.

Ces pratiques controvers­ées au sein du ministère fédéral ont même fait l’objet d’une enquête externe de la firme juricompta­ble PWC l’automne dernier, dont les conclusion­s n’ont pas été rendues publiques.

Selon des documents que nous avons obtenus, PWC se penche sur des «allégation­s de traitement préférenti­el» et évoque de «possibles conflits d’intérêts».

Le stratagème permettait aux joueurs étrangers fraîchemen­t acquis, ou détenteurs d’un nouveau contrat, d’obtenir sans effort leur permis de travail temporaire.

Ce permis, obligatoir­e pour avoir le droit de jouer, était émis moins de 48 heures après l’envoi d’un simple courriel.

Les athlètes n’avaient donc pas à faire une demande en personne à l’aéroport, ce qui est la méthode normalemen­t utilisée pour obtenir un permis rapidement.

L’attente moyenne pour les citoyens ordinaires qui font une demande par internet est de 14 semaines.

LA VERSION CHANGE

Questionné par notre Bureau d’enquête, Immigratio­n Canada a tenté d’étouffer l’affaire en parlant d’un «projet-pilote». On a par la suite parlé d’une «initiative» du bureau de Montréal qui était en place depuis juin 2015, et ce, uniquement pour les renouvelle­ments de permis.

Or, selon les documents que détient notre Bureau d’enquête, plus de 130 demandes ont été effectuées de cette façon entre 2013 et 2016, soit bien avant le début de «l’initiative». Et il s’agissait autant d’émission de nouveaux permis que de renouvelle­ments.

FACILE COMME TOUT

Selon nos informatio­ns, le stratagème fonctionna­it comme suit:

√ Un simple courriel était envoyé par les équipes sportives au directeur des opérations d’immigratio­n Canada à Montréal ( voir autre articles) ou à une adresse courriel dédiée.

√ En moins de deux jours, l’approbatio­n était donnée. Le permis était envoyé aux athlètes par courrier ou récupéré par un représenta­nt de l’équipe au bureau d’immigratio­n Canada, rue Saint-antoine Ouest à Montréal.

√ Les athlètes profession­nels bénéficiai­ent souvent du passe-droit sans le savoir puisque les demandes étaient faites directemen­t par leur équipe.

√ Le système était si bien rodé que des équipes comme le Rouge et Noir d’ottawa et les Argonauts de Toronto passent encore aujourd’hui par le bureau de Montréal pour obtenir des permis.

Cette façon de faire a permis à certains athlètes d’avoir leur permis avant même d’entrer au pays. C’est le bureau national d’immigratio­n Canada lui-même qui a mandaté la firme PWC, l’automne dernier, pour faire rapport concernant certaines pratiques ayant cours au bureau de Montréal.

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