PASSE-DROITS POUR DES ÉQUIPES SPORTIVES
Immigration Canada sous enquête
Le Canadien, l’impact et les Alouettes de Montréal ont profité pendant des années d’un accès privilégié à Immigration Canada pour que leurs joueurs obtiennent plus facilement leur permis de travail, a constaté notre Bureau d’enquête.
Ces pratiques controversées au sein du ministère fédéral ont même fait l’objet d’une enquête externe de la firme juricomptable PWC l’automne dernier, dont les conclusions n’ont pas été rendues publiques.
Selon des documents que nous avons obtenus, PWC se penche sur des «allégations de traitement préférentiel» et évoque de «possibles conflits d’intérêts».
Le stratagème permettait aux joueurs étrangers fraîchement acquis, ou détenteurs d’un nouveau contrat, d’obtenir sans effort leur permis de travail temporaire.
Ce permis, obligatoire pour avoir le droit de jouer, était émis moins de 48 heures après l’envoi d’un simple courriel.
Les athlètes n’avaient donc pas à faire une demande en personne à l’aéroport, ce qui est la méthode normalement utilisée pour obtenir un permis rapidement.
L’attente moyenne pour les citoyens ordinaires qui font une demande par internet est de 14 semaines.
LA VERSION CHANGE
Questionné par notre Bureau d’enquête, Immigration Canada a tenté d’étouffer l’affaire en parlant d’un «projet-pilote». On a par la suite parlé d’une «initiative» du bureau de Montréal qui était en place depuis juin 2015, et ce, uniquement pour les renouvellements de permis.
Or, selon les documents que détient notre Bureau d’enquête, plus de 130 demandes ont été effectuées de cette façon entre 2013 et 2016, soit bien avant le début de «l’initiative». Et il s’agissait autant d’émission de nouveaux permis que de renouvellements.
FACILE COMME TOUT
Selon nos informations, le stratagème fonctionnait comme suit:
√ Un simple courriel était envoyé par les équipes sportives au directeur des opérations d’immigration Canada à Montréal ( voir autre articles) ou à une adresse courriel dédiée.
√ En moins de deux jours, l’approbation était donnée. Le permis était envoyé aux athlètes par courrier ou récupéré par un représentant de l’équipe au bureau d’immigration Canada, rue Saint-antoine Ouest à Montréal.
√ Les athlètes professionnels bénéficiaient souvent du passe-droit sans le savoir puisque les demandes étaient faites directement par leur équipe.
√ Le système était si bien rodé que des équipes comme le Rouge et Noir d’ottawa et les Argonauts de Toronto passent encore aujourd’hui par le bureau de Montréal pour obtenir des permis.
Cette façon de faire a permis à certains athlètes d’avoir leur permis avant même d’entrer au pays. C’est le bureau national d’immigration Canada lui-même qui a mandaté la firme PWC, l’automne dernier, pour faire rapport concernant certaines pratiques ayant cours au bureau de Montréal.