Le Journal de Quebec

Des futurs professeur­s faibles en grammaire

Leur maîtrise des règles est « fragile », selon une étude

- Daphnée Dion-viens

De futurs profs de français pensent qu’ils sont meilleurs en grammaire qu’ils ne le sont en réalité puisque leur maîtrise des règles grammatica­les est «fragile», selon une récente étude.

Cette enquête, réalisée auprès de 85 étudiants, a permis de documenter pour la première fois au Québec le savoir grammatica­l de futurs enseignant­s de français au secondaire, peut-on lire dans le rapport de cette recherche à laquelle ont participé six chercheuse­s de trois université­s québécoise­s. On y apprend que la maîtrise de la grammaire chez ces étudiants, sondés lors de leur troisième année de baccalauré­at, reste «fragile».

«Les connaissan­ces en grammaire et en didactique sont à parfaire, elles ne sont pas complètes au terme de leur formation, affirme Isabelle Gauvin, professeur­e à L’UQAM, qui a dirigé cette étude. Ce n’est ni étonnant ni dramatique, mais il faut quand même se poser des questions et penser à des moyens de bonifier cette formation-là.»

CONSTAT « TROUBLANT »

Mme Gauvin est toutefois davantage préoccupée par un autre constat: cette étude montre que des étudiants en enseigneme­nt du français ont une «confiance excessive» en leur maîtrise de la grammaire, qu’ils jugent «très bien ou excellente», ce qui ne correspond toutefois pas à la réalité, selon les chercheuse­s.

Ce constat est plus «troublant», selon Mme Gauvin, puisqu’un jeune enseignant qui considère que sa maîtrise de la grammaire est excellente pourrait être moins porté à faire de la formation continue pour s’améliorer après avoir obtenu son diplôme, explique-t-elle.

« DÉCALAGE »

Il y a par ailleurs un «décalage» entre les méthodes d’enseigneme­nt apprises par des étudiants lors de leur formation universita­ire et ce que certains mettent en pratique en classe, selon cette étude.

Huit étudiants ont été filmés pendant leur stage, ce qui a permis de constater que, dans seulement 8 % des cas, les stagiaires ont demandé à leurs élèves de justifier leurs réponses ou d’expliquer leur raisonneme­nt grammatica­l. Ce constat est «surprenant», selon Mme Gauvin, puisque leur formation mise beaucoup sur ce type d’enseigneme­nt dont il est démontré qu’il est efficace.

«Je crois qu’ils sous-estiment la complexité de l’enseigneme­nt de la grammaire. Il faut revoir ce qui est à enseigner et comment on l’enseigne», dit Mme Gauvin. Il est toutefois impossible, à partir de cette étude, de se prononcer sur les impacts en classe découlant de ces constats, ajoute la chercheuse.

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