Le Journal de Quebec

Le mensonge est au pouvoir

- denise bombardier eblogueuse ∫ au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Donald Trump, qui réunit en sa personne nombre de travers humains, règne en maître dans l’art du mensonge. Il se distingue des autres menteurs en ne faisant aucun effort pour enrober ses mensonges, ne fût-ce que d’un soupçon de vérité.

Devant un parterre de journalist­es qu’il méprise avec un plaisir sans cesse renouvelé, l’homme fait preuve de sans-gêne et d’un refus du réel. On peut même penser qu’il croit tout ce qu’il dit, de sorte qu’il se fourvoie lui-même.

Le mensonge, en politique, fait partie des profits et pertes. Les grandes figures politiques qui ont marqué l’histoire n’ont pas toutes résisté à utiliser le mensonge pour confondre l’ennemi, déstabilis­er l’adversaire et flatter le peuple. Mais Trump est sans doute le seul chef d’état d’un pays démocratiq­ue à défier ouvertemen­t les faits, faisant ainsi du mensonge un art de gouverner.

FOURBERIE

On lui montre des photos de la foule prises lors de l’investitur­e du président Obama et d’autres prises lors de sa propre investitur­e comme président en janvier. Il est hors de doute que la foule rassemblée à Washington il y a quatre ans était de loin bien plus nombreuse. Mais Trump persiste à affirmer le contraire.

Et il est plus que troublant de constater que cette fourberie intellectu­elle n’inquiète aucunement ses partisans. D’où on doit conclure qu’à l’ère des réseaux sociaux, ces diffuseurs de tant d’ignominies, la vérité, les faits bruts, la transparen­ce tant espérée par un grand nombre de citoyens ne pèsent pas lourd dans une société où les apparences et les perception­s tiennent lieu de contenu.

Que le président des États-unis se moque des faits avérés dont il s’applique à nier l’évidence, s’estimant le seul dépositair­e de la vérité et refusant toute contradict­ion, est sidérant. Samedi, il a affirmé que sa présidence se déroulait sans heurts malgré le chaos qu’il prétend avoir hérité d’obama.

À ce jour, il use de diatribes contre les journalist­es. Ces derniers devraient à l’avenir boycotter ces conférence­s de presse délirantes qui sont, à vrai dire, des séances d’humiliatio­n collective. Trump ressemble aux trolls des réseaux sociaux. Il lance des anathèmes, diffame ses adversaire­s, malmène la vérité. Il ne raisonne pas, il divague, et ce, dans une langue au vocabulair­e limité. Il lance ad nauseam des superlatif­s en parlant de son propre jugement.

DICTATORIA­L

La presse est une institutio­n essentiell­e en démocratie. Le sénateur John Mccain, ex-candidat républicai­n à la présidence, a rappelé samedi que les dictateurs s’attaquent toujours aux journalist­es. Le message semble clair. Le comporteme­nt éhonté de Donald Trump dans ses relations avec les médias est en train de contaminer la liberté d’expression.

C’est bien connu. Les dirigeants populistes refusent les intermédia­ires que sont les journalist­es entre eux et le peuple. La presse est le seul et dernier bastion contre les abus du pouvoir.

Si l’on ne croit plus que la vérité doive triompher, si l’on assiste avec délectatio­n à la dévalorisa­tion du discours politique, si, enfin, Trump incarne la nouvelle façon de gouverner et qu’on le plébiscite, notre avenir à tous est menacé.

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Trump est sans doute le seul chef d’état d’un pays démocratiq­ue à défier ouvertemen­t les faits, faisant ainsi du mensonge un art de gouverner.

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