Le mensonge est au pouvoir
Donald Trump, qui réunit en sa personne nombre de travers humains, règne en maître dans l’art du mensonge. Il se distingue des autres menteurs en ne faisant aucun effort pour enrober ses mensonges, ne fût-ce que d’un soupçon de vérité.
Devant un parterre de journalistes qu’il méprise avec un plaisir sans cesse renouvelé, l’homme fait preuve de sans-gêne et d’un refus du réel. On peut même penser qu’il croit tout ce qu’il dit, de sorte qu’il se fourvoie lui-même.
Le mensonge, en politique, fait partie des profits et pertes. Les grandes figures politiques qui ont marqué l’histoire n’ont pas toutes résisté à utiliser le mensonge pour confondre l’ennemi, déstabiliser l’adversaire et flatter le peuple. Mais Trump est sans doute le seul chef d’état d’un pays démocratique à défier ouvertement les faits, faisant ainsi du mensonge un art de gouverner.
FOURBERIE
On lui montre des photos de la foule prises lors de l’investiture du président Obama et d’autres prises lors de sa propre investiture comme président en janvier. Il est hors de doute que la foule rassemblée à Washington il y a quatre ans était de loin bien plus nombreuse. Mais Trump persiste à affirmer le contraire.
Et il est plus que troublant de constater que cette fourberie intellectuelle n’inquiète aucunement ses partisans. D’où on doit conclure qu’à l’ère des réseaux sociaux, ces diffuseurs de tant d’ignominies, la vérité, les faits bruts, la transparence tant espérée par un grand nombre de citoyens ne pèsent pas lourd dans une société où les apparences et les perceptions tiennent lieu de contenu.
Que le président des États-unis se moque des faits avérés dont il s’applique à nier l’évidence, s’estimant le seul dépositaire de la vérité et refusant toute contradiction, est sidérant. Samedi, il a affirmé que sa présidence se déroulait sans heurts malgré le chaos qu’il prétend avoir hérité d’obama.
À ce jour, il use de diatribes contre les journalistes. Ces derniers devraient à l’avenir boycotter ces conférences de presse délirantes qui sont, à vrai dire, des séances d’humiliation collective. Trump ressemble aux trolls des réseaux sociaux. Il lance des anathèmes, diffame ses adversaires, malmène la vérité. Il ne raisonne pas, il divague, et ce, dans une langue au vocabulaire limité. Il lance ad nauseam des superlatifs en parlant de son propre jugement.
DICTATORIAL
La presse est une institution essentielle en démocratie. Le sénateur John Mccain, ex-candidat républicain à la présidence, a rappelé samedi que les dictateurs s’attaquent toujours aux journalistes. Le message semble clair. Le comportement éhonté de Donald Trump dans ses relations avec les médias est en train de contaminer la liberté d’expression.
C’est bien connu. Les dirigeants populistes refusent les intermédiaires que sont les journalistes entre eux et le peuple. La presse est le seul et dernier bastion contre les abus du pouvoir.
Si l’on ne croit plus que la vérité doive triompher, si l’on assiste avec délectation à la dévalorisation du discours politique, si, enfin, Trump incarne la nouvelle façon de gouverner et qu’on le plébiscite, notre avenir à tous est menacé.