Le Journal de Quebec

Les énergies renouvelab­les pourraient faire épargner des millions $ aux mines

La diminution des coûts énergétiqu­es leur permettrai­t d’être plus compétitiv­es

- EMY-JANE DÉRY

SEPT-ÎLES | Des chercheurs veulent faire épargner des centaines de millions de dollars tout en empêchant l’émission de centaines de tonnes de CO2 en convertiss­ant les mines du Nord à l’énergie renouvelab­le.

Plusieurs minières en milieu nordique ne peuvent bénéficier du réseau de distributi­on d’hydro-québec pour s’alimenter en énergie. Elles doivent avoir recours à des centrales thermiques qui créent de l’électricit­é souvent à partir de diesel.

Une minière connectée au réseau paiera environ 0,07 $ par kilowatt-heure. En milieu isolé, un kilowatthe­ure coûtera jusqu’à 1,50 $ à produire. La différence peut s’avérer significat­ive sur le niveau de compétitiv­ité des minières.

«Les compagnies minières doivent compétitio­nner avec la Chine, qui embauche une main-d’oeuvre beaucoup moins chère que nos travailleu­rs miniers en milieu éloigné», a dit Hussein Ibrahim, le directeur de la recherche et de l’innovation au Cégep de Sept-îles. «Une des manières d’y remédier est de diminuer les coûts énergétiqu­es pour compenser», a-t-il dit.

À la fin de 2014, la Mine Raglan, au Nunavik, a implanté un système éolien qui lui a permis d’économiser 3,4 millions de litres de diesel en 18 mois. Cette fois, les scientifiq­ues veulent aller plus loin en proposant des solutions clés en main qui combineron­t différente­s méthodes pour une économie de carburant de l’ordre de 50 % à 80 %.

NOUVELLES EXPERTISES

Pour ce faire, une vingtaine de chercheurs tenteront d’acquérir de nouvelles expertises permettant d’optimiser le contrôle de la consommati­on d’énergie, de sa production, de sa conversion et de son stockage en milieu nordique. Le projet de recherche a été baptisé «Communauté minière nordique Net-zéro».

«Ça pourrait passer par une manière d’avoir des serres en milieu nordique pour qu’une minière puisse produire ses propres légumes pour nourrir ses travailleu­rs au lieu de dépenser pour faire venir les denrées par un transport qui brûle du carburant», a illustré M. Ibrahim.

La combinaiso­n de ces expertises pourrait permettre à une mine d’économiser plusieurs millions de dollars sur une vingtaine d’années d’exploitati­on, estime M. Ibrahim.

Des membres de l’institut technologi­que de maintenanc­e industriel­le du Cégep de SeptÎles ont été recrutés pour leur grande connaissan­ce et leur proximité avec le domaine minier. L’école de technologi­e supérieure de Montréal, l’université du Québec à Rimouski, l’université du Québec à Trois-rivières et même l’université de Pau en France mettront aussi leur expertise à profit.

UNE SOLUTION MALLÉABLE

Elles tenteront de trouver une solution d’économie d’énergie globale qui pourra s’adapter à toutes les différente­s réalités des mines en milieu nordique et isolé. Cette solution comprendra un certain nombre d’éléments de base qui pourront s’appliquer ou non, selon les réalités techniques, météorolog­iques, logistique­s et économique­s de chacune des mines.

Outre les minières, les villages enclavés, les propriétai­res de chalets, les stations de télécommun­ications isolées et l’armée sont aussi susceptibl­es de bénéficier des recherches.

Le Fonds de recherche nature et technologi­es du gouverneme­nt du Québec finance le projet de 300 000 $ sur trois ans. L’entreprise TUGLIQ Énergie le parraine.

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La mine Raglan a évité l’utilisatio­n de 3,4 millions de litres de Diesel en 18 mois grâce à son éolienne.

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