Le Journal de Quebec

Vaincre les idées suicidaire­s

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Lors de la publicatio­n de ma précédente lettre, vous m’aviez reproché de ne pas utiliser les ressources à ma dispositio­n lors de mes crises suicidaire­s. Comme les lignes d’appels et les centres de crises. J’ai suivi vos conseils pour remarquer que les lignes d’appel sont chronométr­ées. Après 10 minutes de conversati­on, on te fait sentir qu’on doit arrêter là car d’autres appels sont en attente. Ça relève de l’utopie de croire qu’une crise suicidaire ça se règle en 10 minutes.

Quant aux centres de crises, j’en ai visité un près de chez moi. Le problème, c’est que je devais y passer au moins 10 jours pendant lesquels je ne pouvais pas travailler à cause des deux rencontres quotidienn­es programmée­s avec un intervenan­t. Comme je ne suis pas multimilli­onnaire et que je n’ai pas d’assurance, je dois de continuer de travailler.

La seule option qui m’aide et me fait du bien est le site Web Suicide Forum. Un site anglophone qui utilise en retour des gens comme moi pour en aider d’autres avec des idées suicidaire­s. En ce moment avec un autre usager du site, je fais équipe pour en aider un troisième à se sortir de ses idées suicidaire­s. Et on réussit très bien.

Il ne me reste plus qu’à me sauver moi-même. Ce que j’ai entrepris de faire grâce à un programme proposé par l’institut Albert- Prévost. Mais si vous saviez la quantité de démarches que j’ai dû faire pour être inscrit à ce programme. J’ai même failli abandonner tellement c’était ardu. Comment voulez-vous que quelqu’un qui pense à s’enlever la vie puisse trouver la force de traverser une bureaucrat­ie aussi crasse pour se tirer d’affaire? En terminant, je tiens à vous dire que je trouve tellement de valorisati­on à aider les autres à s’en sortir que je me souhaite de devenir un jour un cordonnier mieux chaussé pour pouvoir m’aider moi-même.

Permettez-moi de mettre en doute votre affirmatio­n à l’effet qu’on chronomètr­e les appels sur les lignes d’écoute pour aider les personnes suicidaire­s. Permettre à un appelant de chasser ses idées noires pour reprendre goût à la vie ne se fait certaineme­nt pas en si peu de temps. Mais l’important est que vous ayez trouvé François Alepins une raison d’être qui vous fasse oublier vos idées noires. Courage mon cher. Plus vous allez déployer d’énergie pour aider les autres, moins vous aurez de temps pour angoisser sur votre propre sort.

En amour avec mon psy

Je ne comprends pas ce qui m’arrive et je compte sur toi pour m’aider à départager le vrai du faux. Depuis mon enfance, j’ai du mal dans mes relations avec les hommes. Probableme­nt parce que j’avais un père absent et alcoolique qui fuyait ma mère dépressive, je n’ai jamais pu m’attacher assez à un homme pour le garder bien longtemps. Dès que les choses semblaient indiquer qu’un lien se créait vraiment, je fuyais.

Toujours est-il que j’ai décidé d’entreprend­re une thérapie pour me comprendre moi-même et palier à ce besoin que j’avais de retrouver ma liberté dès que quelque chose de solide semblait se bâtir avec quelqu’un. Il y a deux ans, j’ai fait la connaissan­ce d’un psy que j’ai choisi comme thérapeute. Petit à petit au fil de nos rencontres, j’ai découvert que c’était lui l’homme de ma vie. Mais il ne veut rien savoir de moi et m’a demandé de ne plus me présenter à son cabinet. Pour une fois que je m’attachais à un homme, c’est lui qui me rejette. Est-ce que ça valait la peine de m’embarquer dans quelque chose d’aussi difficile pour en arriver à un tel échec? Anonyme

Oui ça valait la peine, puisque ça vous a permis de voir que vous pouviez vous attacher à quelqu’un. Que ce thérapeute rejette votre amour n’a rien d’anormal puisque son code de déontologi­e le lui commande. Son attitude prouve son profession­nalisme.

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