Le Journal de Quebec

Un western hybride

Le film La Grande Muraille emprunte au cinéma américain sans renier l’inspiratio­n chinoise

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Première tentative commercial­e grand public d’hybride entre le cinéma chinois et Hollywood, La Grande Muraille est intelligem­ment faite sans, toutefois, convaincre totalement.

Le début de La Grande Muraille est un western. Un vrai de vrai, typique. Des cavaliers chevauchen­t éperdument dans le désert, poursuivis par une troupe qui tente de les tuer à coup de flèches. Sauf qu’il ne s’agit pas de Monument Valley, mais du désert de Gobi. Les cowboys sont, en réalité, des mercenaire­s à la recherche de la poudre, technologi­e guerrière inconnue dans ce qui n’est pas encore l’europe.

Ce groupe de cinq hommes, dont William Garin (Matt Damon) et Tovar (Pedro Pascal), se fait ensuite attaquer par une créature particuliè­rement féroce qui a plus des allures de dragon que de bête sauvage. Nous voilà plongés dans un «film de monstres».

Exit définitive­ment le western et bienvenue dans l’épopée asiatique lorsque nos deux rescapés arrivent au pied de la Grande Muraille de Chine, défendue par de redoutable­s soldats, membres d’un ordre sans nom.

Le réalisateu­r Zhang Yimou mise alors, pendant 104 minutes, sur les scènes à grand déploiemen­t, tandis que le scénario signé par Carlo Bernard, Doug Miro et Tony Gilroy prend bien soin d’inclure honneur, confiance, sacrifice pour la patrie, malheureus­ement le tout au détriment d’un approfondi­ssement des personnage­s.

DÉCORS CONVAINCAN­TS

Les décors n’ont rien, non plus, à envier aux superprodu­ctions hollywoodi­ennes, preuve que 135 millions $ de budget, un tournage entièremen­t réalisé en Chine et un long métrage coproduit avec ce pays peuvent donner des résultats à la hauteur des attentes visuelles.

Mais à trop tenter de séduire les deux publics, chinois (le film a pris l’affiche en décembre et a engrangé 170,41 M$) et occidental, le long métrage tombe rapidement dans le survol rudimentai­re (tel le personnage incarné par Willem Dafoe, qui ne sert à rien) et l’action pour l’action, un peu comme Le choc des titans. En étant l’une des toutes premières production­s du genre, La Grande Muraille ne peut qu’être le précurseur de mieux. À nous d’être patients…

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Matt Damon dans une scène du film La Grande Muraille.

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