Le Journal de Quebec

Une nouvelle offrande signée Stéphane Brizé

Le réalisateu­r français de La loi du marché revient avec Une vie

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Le cinéaste français qui nous a donné le très remarqué La loi du marché avec Vincent Lindon revient sur les écrans avec Une vie.

Une vie, un film inspiré du roman de Guy de Maupassant, est l’histoire de Jeanne (Judith Chemla), fille d’adélaïde (Yolande Moreau) et de Simon-jacques (JeanPierre Darroussin) Le Perthuis des Vauds, qui vient de sortir du couvent en cette année 1819. Elle épouse Julien Lamare (Swann Arlaud), un homme de prime abord charmeur, mais qui se révèle, après leur mariage, pingre et coureur de jupons.

L’existence morne de Jeanne s’éclaire lors de la naissance de leur fils, Paul (jeune adulte, il est joué par Finnegan Oldfield), mais le garçon est vite envoyé en pension. Après la mort de son mari, puis de sa mère et enfin de son père, Jeanne se retrouve criblée de dettes faites par Paul.

INTERPRÉTE­R MAUPASSANT

L’étape la plus complexe pour Stéphane Brizé a été de se «détacher de l’oeuvre» de l’écrivain français du XIXE siècle. Jeanne, sous la plume du cinéaste et scénariste, «n’est pas fataliste», elle ne se résigne pas à son sort. De la même manière, Maupassant «présente Julien comme un pur cynique absolu, alors que moi, je ne l’ai pas envisagé comme ça. Il fait les mêmes choses, mais je ne l’envisage pas comme ça.»

«Je construis toujours les personnage­s à partir de leurs failles. Julien est quelqu’un qui a été déclassé socialemen­t – son père a tout perdu au jeu – et qui doit retrouver une place. Le fait de retrouver une place sociale va, de mon point de vue, lui permettre d’être apaisé. Quand il rencontre Jeanne, elle a ce qu’il faut pour l’apaiser. Mais une fois qu’il l’a épousée, le rapport qu’elle a au monde ne l’intéresse pas.»

Réécrite par Stéphane Brizé, la Jeanne de Maupassant s’avère être, à l’écran, une idéaliste. Marquée par la vie, usée par les épreuves, «Jeanne a quelque chose qu’elle ne lâche pas, comme un arrangemen­t qu’elle ne souhaitera­it pas faire. C’est une démarche faite en toute inconscien­ce. Elle ne revendique pas, elle est comme ça, c’est son rapport au monde. Il n’y a de tragédie dans ce roman que parce que Jeanne s’accroche à cette idée de l’homme et du monde.»

«Si elle acceptait de se protéger, de voir l’homme tel qu’il est, elle trouverait une place plus apaisée, sa vie serait plus douce et ça, elle ne sait pas faire. C’est à la fois beau et tragique, l’un entraînant l’autre.» Une vie est présenté dans les salles du Québec dès le 24 février.

 ??  ?? Une scène du film Une vie inspiré d’un roman de Maupassant et réalisé par le cinéaste français Stéphane Brizé (en médaillon).
Une scène du film Une vie inspiré d’un roman de Maupassant et réalisé par le cinéaste français Stéphane Brizé (en médaillon).
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