Le Journal de Quebec

Un passe-droit qui va loin, selon deux avocats

Les sportifs ne devraient pas être les seuls favorisés

- Éric Yvan lemay

Le traitement de faveur pour des dizaines de joueurs du Canadien, de l’impact et des Alouettes qui ont obtenu leur permis de travail en 48 heures est loin de faire l’unanimité, alors qu’il faut jusqu’à deux semaines pour obtenir un permis en accéléré aux États-unis.

«Aux États-unis, le système de traitement des demandes de permis de travail est très long. Par contre, quand on paye un supplément d’environ 1500 $, on est assuré d’avoir une réponse dans les deux semaines», indique l’avocat Patrice Brunet, spécialisé en droit de l’immigratio­n d’affaires et du sport internatio­nal.

Ce dernier n’avait jamais entendu parler du «système parallèle» mis en place au bureau d’immigratio­n Canada à Montréal. Comme le révélait notre Bureau d’enquête hier, ce système a permis aux équipes montréalai­ses d’obtenir des dizaines de permis pour ses joueurs simplement en envoyant un courriel.

La firme PWC a été mandatée l’automne dernier pour enquêter sur des allégation­s de traitement préférenti­el d’athlètes profession­nels au bureau d’immigratio­n Canada à Montréal.

PLUS DE TRANSPAREN­CE

Le système en place permettait aux joueurs d’avoir leur permis sans se présenter à un agent d’immigratio­n et parfois même avant d’entrer au pays.

Pour Patrice Brunet, le traitement accéléré ne doit pas être réservé aux athlètes profession­nels. Il prône un système plus transparen­t et accessible aux autres entreprise­s. «Ce n’est pas aussi sexy qu’une équipe de sport profession­nel, mais elles ont aussi des besoins criants et urgents», dit-il.

RÉFUGIÉS VS ATHLÈTES

Pour Me Stéphane Handfield, il est compréhens­ible qu’on veuille faire jouer rapidement un joueur qui vient d’être échangé, mais lui aussi veut un système clair et transparen­t.

«Il ne faut pas que ce soit parce que tu as un contact privilégié à Immigratio­n Canada et avec l’envoi d’un simple courriel.»

Ce dernier trouve inconcevab­le qu’on laisse poireauter des réfugiés pendant des mois pour l’obtention de leur permis de travail et qu’on mette en place un traitement accéléré pour les athlètes.

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Le directeur d’immigratio­n Canada à Montréal, Vito Vassalo ( à gauche sur la photo) était à l’assermenta­tion du joueur de l’impact Wandrille Lefèvre, en juillet 2015.

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