Un passe-droit qui va loin, selon deux avocats
Les sportifs ne devraient pas être les seuls favorisés
Le traitement de faveur pour des dizaines de joueurs du Canadien, de l’impact et des Alouettes qui ont obtenu leur permis de travail en 48 heures est loin de faire l’unanimité, alors qu’il faut jusqu’à deux semaines pour obtenir un permis en accéléré aux États-unis.
«Aux États-unis, le système de traitement des demandes de permis de travail est très long. Par contre, quand on paye un supplément d’environ 1500 $, on est assuré d’avoir une réponse dans les deux semaines», indique l’avocat Patrice Brunet, spécialisé en droit de l’immigration d’affaires et du sport international.
Ce dernier n’avait jamais entendu parler du «système parallèle» mis en place au bureau d’immigration Canada à Montréal. Comme le révélait notre Bureau d’enquête hier, ce système a permis aux équipes montréalaises d’obtenir des dizaines de permis pour ses joueurs simplement en envoyant un courriel.
La firme PWC a été mandatée l’automne dernier pour enquêter sur des allégations de traitement préférentiel d’athlètes professionnels au bureau d’immigration Canada à Montréal.
PLUS DE TRANSPARENCE
Le système en place permettait aux joueurs d’avoir leur permis sans se présenter à un agent d’immigration et parfois même avant d’entrer au pays.
Pour Patrice Brunet, le traitement accéléré ne doit pas être réservé aux athlètes professionnels. Il prône un système plus transparent et accessible aux autres entreprises. «Ce n’est pas aussi sexy qu’une équipe de sport professionnel, mais elles ont aussi des besoins criants et urgents», dit-il.
RÉFUGIÉS VS ATHLÈTES
Pour Me Stéphane Handfield, il est compréhensible qu’on veuille faire jouer rapidement un joueur qui vient d’être échangé, mais lui aussi veut un système clair et transparent.
«Il ne faut pas que ce soit parce que tu as un contact privilégié à Immigration Canada et avec l’envoi d’un simple courriel.»
Ce dernier trouve inconcevable qu’on laisse poireauter des réfugiés pendant des mois pour l’obtention de leur permis de travail et qu’on mette en place un traitement accéléré pour les athlètes.