Ils travaillent dans la même usine, mais n’ont pas le même chômage
BAIE-TRINITÉ | La moitié des travailleurs d’une usine de pêche de la CôteNord doivent vivre deux mois sans revenu, alors que leurs collègues qui viennent de la Gaspésie pour travailler dans la même usine ont de l’argent à l’année.
L’usine de pêche de Baie-trinité, sur la Côte-nord, emploie une centaine de travailleurs pendant le printemps et l’été. La moitié sont des travailleurs locaux et l’autre moitié proviennent de la Gaspésie ou du Nouveau-brunswick.
Les travailleurs de la Côte-nord se sentent lésés puisque leur chômage s’est terminé lundi, après 18 semaines de prestations. Ils devront vivre deux mois sans aucun revenu, eux qui gagnent environ 20 000 $ par année.
Or, leurs collègues qui travaillent dans la même usine, mais qui habitent en Gaspésie ont droit à 36 semaines de prestations, ce qui leur permet d’avoir un revenu jusqu’à la réouverture de l’entreprise, en avril.
«C’est mal amanché. On travaille dans la même usine. On fait le même travail. Pourquoi ce n’est pas équitable? La réalité en Gaspésie et à Baie-trinité est semblable», déplore Guylaine Marceau, qui travaille dans cette usine depuis 30 ans.
RÉFORME
Depuis la réforme de l’assurance-emploi, certaines régions qui ont un taux de chômage plus élevé ont des règles moins strictes pour recevoir de l’assurance-emploi.
Par exemple, les habitants de la Gaspésie reçoivent 36 semaines de prestations en travaillant 420 heures.
Le même travailleur qui habite sur la Côte-nord doit travailler 590 heures pour recevoir 18 semaines de prestations.
Pourtant, à Baie-trinité, très peu d’emplois sont disponibles pour les travailleurs puisque le village est situé à plus d’une heure de route de Sept-îles ou de Baie-comeau.
DÉSÉQUILIBRE ENTRE RÉGIONS
Les travailleurs appellent la période où ils n’ont aucun revenu «le trou noir». Il représente 5 à 18 semaines de pauvreté extrême pour certaines familles.
Jean-michel Lefrançois et Suzie Beaudin travaillent tous les deux à l’usine de crabe de Baie-trinité. Le couple a quatre enfants.
«Ce trou noir est un vrai calvaire. J’ai trouvé quelques jobines, comme l’entretien de la patinoire de la municipalité l’hiver. Sinon, nous serions sans ressources», affirme le père de famille.
Les syndicats et les élus de la CôteNord demandent au premier ministre Justin Trudeau des changements à la réforme de l’assurance-emploi pour réduire les disparités régionales.