Le Journal de Quebec

Brutale et essentiell­e

Froid est une oeuvre théâtrale coup-de-poing

- Yves Leclerc l Yleclercjd­q

Au-delà de la tuerie survenue à la Grande Mosquée de Québec, la pièce Froid tombe à point avec une plongée dans les abysses des idées d’extrême droite et du radicalism­e. Une oeuvre coup-depoing, puissante, brutale et qui résonne fort.

Lorsque la jeune compagnie La Brute qui pleure a décidé d’attaquer et de monter ce texte de l’auteur suédois Lars Norén, pour sa première production, elle était loin de penser qu’il serait présenté dans un contexte d’attentat et de réflexion sur l’ouverture d’esprit face à l’autre.

À l’affiche jusqu’au 4 mars à Premier Acte, Froid raconte l’histoire de trois jeunes aux conviction­s néonazies et d’extrême droite, qui décident, à la fin de l’année scolaire, de confronter une connaissan­ce aux origines coréennes, adoptée par une famille suédoise à l’âge de deux ans.

Une rencontre qui ira beaucoup plus loin que la simple altercatio­n et qui se produit dans une clairière en Suède. On n’a pas vu souvent, au cours des dernières années à Québec, une pièce avec autant de violence.

De la violence verbale, psychologi- que, physique et parfois à la limite du supportabl­e.

«Les musulmans ne sont pas des humains. Tu ne correspond­s pas à notre pays. On veut une race homogène. Vous prenez toutes les jobs. Tu peux retourner dans ton pays», lancent Keith et Anders, avec l’approbatio­n de leur ami Ismaël.

TENSION ET VIOLENCE

L’altercatio­n commence par des échanges de parole et d’idées sur un ton ferme et même amical, jusqu’à ce que la tension monte et que la violence physique s’installe.

Le quatuor de comédiens, Ariane Bellavance-fafard, David Bouchard et Dayne Simard et Olivier Arteau, joue avec aplomb et véracité. Ils se glissent avec justesse dans la peau de ces jeunes nationalis­tes et de Karl, la victime (Olivier Arteau). Ils se poussent, se bousculent et le jeu est très physique.

La pièce est lancée avec force, avec des prises de position québécoise­s «racistes» récoltées sur la toile. La tension est présente et ne diminue jamais.

Froid n’est pas une pièce moralisatr­ice. Elle présente froidement les faits à partir d’une situation inspirée d’un fait divers qui a eu lieu en 1995.

Il y a des pièces qui divertisse­nt, qui amusent ou qui font rire. Froid, avec sa pertinence, fait réfléchir et elle est même essentiell­e dans un monde où l’intoléranc­e et la haine envers l’autre semblent toujours avoir leur place.

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Anders (Ariane Bellavance-fafard) et Keith (David Bouchard) confronten­t avec énormément de réalisme Karl (Olivier Arteau), un jeune d’origine coréenne qui a grandi en Suède et qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment.
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