Le Journal de Quebec

Illégalité et compassion

- Mario Dumont

Des gens désemparés se présentent à nos frontières: le réflexe de compassion naturel nous amène à les accueillir à bras ouverts. S’ils arrivent avec un enfant, voire un bébé, notre émotion est encore plus vive.

Or un pays aura beau vouloir se montrer généreux et ouvert, sa politique ne peut pas être un bar ouvert. Même au nom de l’humanisme, on ne peut pas renoncer à la gestion de nos frontières. Sinon, ce serait l’équivalent de gérer un programme social en déposant des dollars sur une table et en proposant aux gens qui se considèren­t dans le besoin de venir se servir.

Malheureus­ement, même dans l’acte d’aider au sens le plus noble, un État doit mettre en place des règles. D’ailleurs, le Canada ouvre les bras à des dizaines de milliers de réfugiés depuis des décennies. Venus de pays minés par la guerre, par la famine ou par des catastroph­es naturelles, des hommes et des femmes ont demandé au Canada de les prendre sous son aile.

Même au nom de l’humanisme, on ne peut pas renoncer à la gestion de nos frontières.

PROCÉDURE ÉTABLIE

Malheureus­ement, le Canada ne peut pas accueillir 100% des gens qui rêveraient d’y vivre. Il faut donc établir des critères et choisir. Quelle que soit la difficulté de leur situation personnell­e et familiale, les gens qui traversent illégaleme­nt la frontière sur des chemins de campagne usurpent tous les processus normaux que nous avons institués pour recevoir des réfugiés.

Imaginons simplement un scénario. Deux frères somaliens souhaitent quitter leur pays dû à la guerre et rêvent de trouver refuge au Canada. Le premier s’adresse aux autorités compétente­s, explique sa situation et attend une réponse du gouverneme­nt canadien. Résultat incertain, délais assurés.

L’autre frère obtient par les réseaux sociaux un contact avec des passeurs. Ceux-ci lui fournissen­t une autre recette en échange d’une rondelette somme. Ils lui ont plutôt organisé un voyage via les États-unis, avec un passage à Plattsburg­h puis un taxi jusqu’à quelques mètres de la frontière canadienne sur un petit chemin de campagne.

On leur explique bien qu’à partir de là tout devrait bien aller. Il s’agit de traverser simplement la frontière à pied. Peu après, ils devraient être intercepté­s par la GRC, une procédure un peu désagréabl­e mais qui fait partie du processus. Puis amenés aux autorités de l’immigratio­n, ils demanderon­t l’asile au Canada.

Dans ce scénario, le second frère arrivé au Canada va vite téléphoner à l’autre pour lui dire combien il est naïf et stupide de respecter les lois canadienne­s. La preuve a été faite que la façon efficace d’entrer au Canada, c’est illégaleme­nt!

MAUVAIS MESSAGE

S.V.P. Ça ne peut pas opérer ainsi. Le message envoyé par le Canada serait absurde. Priorité aux illégaux, cadeau aux passeurs, ceux qui suivent nos lois attendront.

Ajoutons à cela le nouveau contexte sous Donald Trump. Les ressortiss­ants des sept pays sur sa liste noire vont avoir un fort incitatif à venir au Canada. Si le message du non-respect de nos frontières continue à se répandre, imaginez le nombre qui cogneront à nos portes.

Le gouverneme­nt Trudeau doit rester ouvert, pas désorganis­é.

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Une dizaine de réfugiés, dont ce poupon, ont été intercepté­s par la GRC à Hemmingfor­d lundi.
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