L’obésité influencée par ce qu’il y a dans le frigo
Les habitudes de vie plus importantes que le bagage génétique, selon un professeur
S’il est vrai que la transmission génétique joue un rôle dans le développement de l’obésité, ce qu’il y a dans le frigo est un facteur plus déterminant encore, affirme le professeur Yohan Bossé, de l’université Laval.
«Il y a 40 ou 50 ans, il n’y avait pas d’épidémie d’obésité, alors que les gènes étaient les mêmes. Certaines personnes sont plus susceptibles que d’autres de développer de l’obésité. Celle-ci va s’exprimer dans un environnement obésogène», souligne le chercheur, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en génomique des maladies cardiaques et pulmonaires à L’IUCPQ (Hôpital Laval).
Selon une nouvelle étude britannique, les enfants héritent de près de 20 % de l’indice de masse corporelle de la mère et de près de 20% de celle du père. «Les chercheurs britanniques ont pris l’indice de masse corporelle, mais ils n’ont pas mesuré les mar- queurs génétiques dans L’ADN liés à l’obésité. À mes yeux, ce n’est pas une grande découverte scientifique», nuance le professeur Bossé.
GÈNES RESPONSABLES
Déjà, dans les années 1990, des chercheurs de L’IUCPQ ont rapporté de tels pourcentages à partir d’études épidémiologiques, signale-t-il. «La transmission génétique de l’obésité est d’autour de 25 %, alors que l’environnement familial compte pour 45 %. Une prédisposition génétique et de mauvaises habitudes de vie sont la combinaison gagnante pour devenir obèse», formule le chercheur, qui enseigne depuis 10 ans la génétique de l’obésité.
Les chercheurs ont trouvé à ce jour plus d’une centaine de marqueurs liés à l’obésité. «Il reste beaucoup de travail à faire pour identifier ces gènes et comprendre comment ils causent l’obésité. Ce seront les prochaines grandes découvertes qui permettront d’orienter les traitements en fonction du profil génétique de chaque personne.»