Recruté sur le « B.S. » par la police
Un bandit toxicomane aide les policiers à infiltrer un réseau de trafiquants québécois et ontariens
Un bandit sur l’aide sociale s’est recyclé en agent double pour aider la police à piéger des trafiquants québécois et ontariens qui menaient leurs affaires en Porsche, en Hummer ou en hélicoptère.
Depuis l’automne 2016, l’improbable mission de ce criminel repenti – dont l’identité doit être préservée – a permis de faire condamner six membres de ce réseau lié aux Hells Angels, qui s’approvisionnait à Montréal pour écouler la drogue dans la région d’ottawa.
L’un d’eux, Charles Éthier, 50 ans, d’amherst, dans les Laurentides, a été déclaré coupable de complot et de trafic au terme de son procès, le 27 janvier.
240 000 $ POUR L’ARNAQUE
À l’automne 2012, la taupe, qui traîne un lourd casier judiciaire en matière de violence et de stupéfiants, touchait à peine 7200 $ par année en prestations d’aide sociale, selon la preuve relatée devant la Cour supérieure de l’ontario et consultée par Le Journal.
L’homme disait avoir pris sa «retraite» du milieu interlope après avoir combattu une longue dépendance aux opiacés.
Il était toutefois «un ami de longue date» du présumé dirigeant du réseau que la Police provinciale de l’ontario (OPP) avait dans sa mire, soit David Bullen, qui subit présentement son procès.
La police lui a donc offert un salaire de 240 000 $ pour devenir agent civil d’infiltration. L’homme qui portait un micro sur lui pour enregistrer ses conversa- tions aurait ainsi convaincu Bullen de lui vendre un demi-kilo de cocaïne à trois occasions différentes, au prix d’environ 26 000 $ chacun, en 2013.
DANS UN HÔTEL À MONTRÉAL
Le 9 octobre de la même année, la taupe a également négocié l’achat d’un kilo de cocaïne à 45 000 $ lors d’une rencontre tenue à l’hôtel Sheraton, au centre-ville de Montréal.
La transaction aurait été conclue avec Bullen et un dénommé Michel «Frenchie» Côté, 57 ans, un intermédiaire résidant dans les Laurentides et chargé par le réseau d’assurer la distribution de la drogue dans la capitale fédérale.
L’enquête a permis d’établir que Bullen utilisait «régulièrement» son hélicoptère de type Robinson R44 pour venir discuter affaires avec des proches des Hells à Montréal.
L’appareil a été saisi par les policiers quand ceux-ci ont procédé à neuf arrestations, le 16 octobre 2013. Ils ont aussi confisqué sept véhicules, dont une Porsche et un Hummer des trafiquants.
FILATURE À L’ÉGLISE
Pendant l’année qu’a duré l’enquête, L’OPP, assistée de la Sûreté du Québec, a intercepté des milliers d’appels téléphoniques et de messages textes échangés par les suspects.
Des centaines d’opérations de filature ont aussi été déployées à divers endroits pour amasser de la preuve. Les suspects ont été observés dans un chalet de Mont-tremblant qui servait de cache de drogue au réseau, ou en train de faire des transactions de drogue dans des stationnements d’église et de centre commercial de l’est de la ville d’ottawa.