Le Journal de Quebec

Document falsifié pour expulser ses locataires

Dans leur sous-sol, ils sont privés de chauffage, de cuisinière et d’eau chaude

- Magalie lapointe

Un couple qui loue un soussol de maison n’a plus d’eau chaude et a reçu une fausse lettre d’un huissier par la propriétai­re depuis qu’il a porté plainte contre elle à la police et à la Régie du logement.

Boris Belloc et sa conjointe Stéphanie Cloos ont porté plainte à la police le 17 février parce que la propriétai­re de la résidence de Longueuil où ils louent le sous-sol est entrée dans leur appartemen­t avec un inconnu sans les aviser 24 heures à l’avance comme le stipule la loi.

La caméra de l’ordinateur du couple a filmé la scène par hasard. On y voit la propriétai­re et l’inconnu ouvrir le réfrigérat­eur et tirer le chien du couple par le cou, comme a pu le constater Le Journal.

DÉBIT D’EAU COUPÉ

Selon le couple, depuis qu’ils ont appelé la police, la propriétai­re aurait coupé le débit d’eau, fermé le panneau électrique de la cuisinière et réduit l’accès à l’eau chaude.

Ils ont peur de sortir puisque la propriétai­re les aurait menacés de changer la serrure de leur logement.

La propriétai­re a poussé l’audace jusqu’à envoyer un faux avis d’huissier leur demandant de partir dans les deux jours. La dame aurait photocopié le document comprenant la signature d’un vrai huissier, puis fait des modificati­ons sur la date et l’heure inscrites sur le sceau.

M. Belloc et Mme Cloos ont rapidement douté de la crédibilit­é du document, car ils ont reçu l’avis par courriel et par message texte qu’il y avait une copie sur le pare-brise de leur voiture et sur la porte de leur logement. Mais aucun huissier n’est venu le leur porter en main propre.

La Chambre des huissiers confirme qu’il s’agit d’un faux document. «Quelqu’un a essayé de se faire passer pour un huissier, c’est grave», a dit le président de la Chambre des huissiers de justice, Sylvain Gravel.

M.gravel aurait connaissan­ce de ce genre de fraude une à deux fois par an seulement. Par ailleurs, l’huissier dont la signature se trouvait sur le document a porté plainte à la police pour vol d’identité.

ENFER

Le couple souhaite quitter les lieux depuis le début de son contrat, en janvier.

Rapidement après leur arrivée dans leur logement, ils ont réalisé qu’ils n’avaient pas accès au chauffage, qu’il n’y avait pas d’avertisseu­r de fumée et qu’il y avait souvent des odeurs de cannabis. Il n’en fallait pas plus pour déposer une plainte à la Régie du logement. Mais comme la propriétai­re leur avait demandé de payer deux mois d’avance, ils n’avaient pas les moyens financiers de s’en aller avant la fin de leur contrat, le 1er mars. Ils craignent maintenant de se retrouver à la rue.

«Parfois, je me dis que repartir en France réglerait tous nos problèmes, a dit l’homme qui est venu au Canada pour travailler, mais la Régie du logement nous a dit que si nous partions, les procédures seraient annulées. J’espère réussir à pouvoir rester au Québec jusqu’au procès. Je ne veux pas que la propriétai­re réussisse à voler d’autres personnes vulnérable­s.»

Le Journal a eu accès à la plainte officielle déposée à la Régie du logement, à plusieurs enregistre­ments, messages texte et vidéos où il est possible d’entendre et de lire des menaces.

Malgré de nombreux messages, la propriétai­re n’a pas rappelé Le Journal.

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Boris Belloc et sa conjointe Stéphanie Cloos ont reçu une fausse procédure d’huissier les obligeant à quitter leur appartemen­t dans les 48 heures.

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