La confiance envers la police minée
Les propos irrespectueux envers un Vietnamien causent l’indignation de militants des droits de la personne
Des militants des droits de la personne croient que le «Hey Chinois» lancé à un aîné par des policiers montréalais montre que du travail reste à faire pour mettre fin au profilage racial.
«Cela démontre le peu de respect qu’a ce policier, un représentant de l’état, à l’égard de personnes issues d’autres communautés», s’insurge Will Prosper, ex-policier de la GRC aujourd’hui documentariste et militant.
Il réagissait à la une du Journal sur l’arrestation de Quoc Nimh Nguyen, 62 ans, qui s’est fait crier «Hey Chinois» par un agent de police de Montréal en 2015 alors qu’il courait dans la rue.
VERSION DES POLICIERS
Durant le procès de M. Nguyen, les deux policiers ont dit croire qu’ils étaient dans leur droit d’arrêter le sexagénaire, qui a gardé le silence par «entêtement» selon eux.
Ils ont aussi nié avoir hélé M. Nguyen en l’appelant «Chinois», affirmant plutôt l’avoir appelé «monsieur». Le juge Randall Richmond a toutefois accordé plus de crédibilité au témoignage de M. Nguyen, le qualifiant de «sincère et honnête».
PEUR
La peur qu’éprouve aujourd’hui M. Nguyen à l’égard des policiers n’étonne pas Will Prosper. Il dit être souvent confronté à des histoires semblables, surtout venant de jeunes issus des minorités visibles.
«Je parle à des enfants aussi jeunes que 10 ans qui ont peur des policiers, alors qu’ils devaient se sentir en sécurité», illustre M. Prosper.
L’ex-policier suggère que plus d’agents en provenance de l’asie du Sud-est devraient intégrer les rangs policiers.
Le directeur du Centre de rechercheaction sur les relations raciales (CARR), Fo Niemi, remarque qu’il est probablement trop tard pour une plainte en déontologie de la part de M. Nguyen, puisque plus d’un an s’est écoulé depuis les faits.
«Malheureusement, le fond du problème ne sera pas connu», se désole le militant, qui aimerait voir plus de prévention de ces cas, comme une meilleure formation aux policiers sur le profilage. «Ces cas peuvent rompre le lien de confiance entre la population et la police, et c’est ce qu’on doit éviter», selon Fo Niemi.
Tant M. Niemi que M. Prosper ont nuancé que la majorité des interactions avec la police se passe bien. Le bureau du maire de Montréal, Denis Coderre, a précisé hier «qu'en aucune circonstance des policiers peuvent interpeller un citoyen selon ses caractéristiques ethniques ou raciales»