Le Journal de Quebec

Le CHU de Québec menacé

La décision de retirer le crucifix à l’hôpital Saint-sacrement soulève les passions

- GENEVIÈVE LAJOIE ET PIERRE-OLIVIER FORTIN

Le CHU de Québec a été la cible de menaces à la suite de la décision controvers­ée de l’hôpital SaintSacre­ment de retirer le crucifix qui ornait son hall d’entrée. La police de Québec enquête.

Le centre hospitalie­r universita­ire de la Capitale nationale parle d’«une importante menace à l’intégrité de l’hôpital et de ses dirigeants» reçue vendredi dernier.

À l’assemblée nationale comme au sein de l’église catholique, le sujet continue de soulever les passions.

Le ministre François Blais a dit souhaiter hier que la direction de l’établissem­ent revienne sur sa décision. «J’espère qu’ils vont changer d’avis», a insisté le ministre responsabl­e de la Capitale nationale. Selon lui, c’est une «erreur» de l’établissem­ent, surtout que les hauts dirigeants du centre hospitalie­r se sont réfugiés à tort derrière la Charte des droits et libertés pour expliquer leur choix.

À l’instar de sa collègue de la Justice, François Blais a rappelé que le projet de loi de son gouverneme­nt sur la neutralité de l’état protégera le patrimoine religieux du Québec.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a refusé pour sa part d’intervenir dans le débat. «Il n’y a pas de loi, règle, directive qui oblige, dans un sens ou dans l’autre, aux administra­tions (de santé) locales de faire ce genre de choixlà», a-t-il affirmé.

« PAS UNE QUESTION DE RELIGION »

Le député caquiste François Paradis estime que l’hôpital Saint-sacrement doit prendre acte de la volonté populaire et raccrocher le Christ en croix. «Dans ma tête à moi, c’est une décision qui n’aurait pas eu lieu d’être. Il faut comprendre que le crucifix dans les hôpitaux, ce n’est pas une question de religion, c’est une question de patrimoine, de tradition et de respect de notre histoire», plaide-t-il.

CARDINAL LACROIX

Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix a également mis son grain de sel. Il estime qu’il s’agit d’un «manque de respect envers la population» et les Soeurs de la Charité de Québec qui ont fondé l’hôpital en 1927. «Renier cet aspect de notre histoire serait un appauvriss­ement de ce que nous sommes.»

Le CHU assure qu’il respecte «l’apport des Soeurs de la Charité». D’ailleurs, des travaux sont en cours, dans le hall d’entrée pour le souligner encore davantage, a fait valoir la porte-parole Geneviève Dupuis.

«Est-ce qu’on pourrait en faire plus? Oui, on est tout à fait à l’aise, mais on préfère rester maître de la solution. Avec quoi on va le faire? Ce ne sera pas en mettant une croix qui va heurter un patient, parce qu’on se doit de respecter ce heurt. Ici, on ne soigne pas l’opinion publique, mais des patients, et on doit respecter les droits de nos patients», a-t-elle insisté.

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