SPVM sous la loupe
Depuis le reportage de J.E. révélant que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) aurait fabriqué des preuves contre ses policiers, la «gestion» politique de la crise sent l’improvisation et la peur. À preuve, les décisions changeantes prises en catastrophe par le ministre de la Sécurité publique.
Tout d’abord satisfait de voir la Sûreté du Québec (SQ) enquêter sur le SPVM, Martin Coiteux laissait la police enquêter sur la police. Vint ensuite l’ajout d’enquêteurs de la GRC, puis des polices de Gatineau, Longueuil et Québec. Le Journal nous apprenait hier que le ministre voulait même y ajouter la police de Laval!
LE BÂT BLESSE
Bref, plus de polices pour enquêter sur la police. Le tout, cogéré par Madeleine Giauque, directrice du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI). La raison?
D’abord sous le faux prétexte d’un mandat trop restreint puis d’effectifs insuffisants, Martin Coiteux se refuse mordicus à confier l’enquête au BEI. Sur le plan politique, c’est justement là que le bât blesse.
Le ministre semble surtout craindre comme la peste de retirer l’enquête sur le SPVM de sous la loupe d’autres corps policiers. Or, si les ressources sont vraiment insuffisantes au BEI ou qu’on y trouverait trop d’ex-policiers, doit-on comprendre que le gouvernement n’y a pas vu ou que ce manquement grave serait volontaire?
DORMIR AU GAZ
À voir aller la manière dont le ministre «gère» la crise du SPVM, la question se pose.
Quand le patron de la SQ, Martin Prud’homme, demande lui-même qu’on équipe enfin le BEI de manière à ce qu’il puisse enquêter dorénavant sur des «dossiers» chauds comme celui du SPVM, c’est de deux choses l’une.
Soit que le gouvernement dort au gaz parce qu’il ne veut pas empêcher la police d’enquêter sur la police. Soit qu’il dort au gaz par incompétence. À moins que ce ne soit les deux.