Le Journal de Quebec

Trump : Changement de ton, même chanson

- Pierre Martin l @Pmartin_udem

Le discours de Donald Trump au Congrès, mardi, a été bien reçu et lui mettra un peu de vent dans les voiles, mais il en faudra plus pour donner à sa présidence l’élan qui lui manque encore.

Depuis sa victoire, Donald Trump donnait l’impression que sa campagne électorale ne finirait jamais. On attendait impatiemme­nt le jour du «pivot» vers son nouveau rôle de président.

Ce jour semble arrivé. Même s’il n’est pas encore démontré que Donald Trump peut remplir efficaceme­nt la fonction de président, on a constaté avec soulage- ment qu’il peut lire un télésouffl­eur sans s’écarter du texte et jouer le rôle du président devant les caméras.

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Donald Trump a donc offert à ses concitoyen­s une image adoucie, en rupture avec ses prestation­s passées.

Faisant preuve d’une discipline inédite, il a évité les insultes puériles, les scénarios d’apocalypse et les mensonges éhontés pour livrer adéquateme­nt un message bardé de patriotism­e qui se voulait rassembleu­r.

On ne lui tiendra pas rigueur d’avoir utilisé ses invités comme des accessoire­s pour se mettre en valeur, y compris la veuve d’un militaire envoyé à sa perte dans une opération dont Trump avait auparavant cherché à se dissocier.

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La barre fixée par ses discours précédents était tellement basse que les commentate­urs médiatique­s ont fait un éloge plutôt complaisan­t du style «présidenti­el» de Trump, associé au «pivot» tant attendu.

Pourtant, le fond du message est resté le même.

Le nationalis­me de Trump est empreint de fermeture et d’exclusion.

Son protection­nisme agressif risque de freiner brutalemen­t une économie qui ne se porte pas si mal que cela.

Ses politiques fiscales accentuero­nt les inégalités au détriment des moins nantis qui ont fait confiance à ce milliardai­re qui prétendait parler en leur nom.

Ses plans de déréglemen­tation financière semblent avoir été dictés par les lobbyistes de Wall Street, alors qu’il promettait d’affranchir Washington de leur influence.

Sa promesse d’abroger Obamacare priverait des millions de ces citoyens moins nantis de soins de santé et, de toute façon, comme les républicai­ns n’ont pas de plan de remplaceme­nt, l’abrogation demeure improbable.

Trump se vante d’avoir créé ou sauvegardé des milliers d’emplois, mais les décisions en question avaient été prises depuis des mois. Comme avant, il fait miroiter des promesses d’infrastruc­tures, mais comment financera-t-il tout ça? Silence.

Le discours de mardi améliorera la perception de Trump dans l’opinion, mais la durabilité de ce genre d’impact est limitée.

CHASSEZ LE NATUREL…

Le discours de mardi améliorera la perception de Trump dans l’opinion, mais la durabilité de ce genre d’impact est limitée.

La confiance accrue des partisans envers leur président facilitera la formation de coalitions au Congrès, mais l’unanimité apparente des républicai­ns cache des divisions qui ressortiro­nt quand les détails des politiques seront peaufinés.

Bref, si le président semble disposé à adoucir son style à l’occasion, son programme et la dynamique politique de sa mise en oeuvre demeurent fondamenta­lement inchangés. De plus, même si Trump peut chasser le naturel l’espace d’une soirée, les chances qu’il revienne au galop restent bonnes.

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