Les allégations d’inconduite se font nombreuses
De nouvelles informations de la SQ ont mené à la suspension du directeur adjoint
La suspension d’un haut gradé, hier, laisse présager d’autres coups de balai au SPVM puisque la Sûreté du Québec enquête sur une vingtaine de nouvelles informations liées à des allégations d’inconduite au sein de la police de Montréal.
C’est ce que la direction de la SQ a confirmé au Journal, hier.
Ces informations ont été reçues depuis la mise en place, le 22 février, d’une ligne téléphonique – 514 598-4336 – réservée à toute personne ayant des renseignements à transmettre aux policiers sur des allégations visant des membres du SPVM.
«Tous les appels reçus ont été pris en charge par les enquêteurs. Nous ne pouvons divulguer le type d’enquête ni le nombre de dossiers opérationnels, afin de ne pas nuire aux enquêtes en cours», a précisé le lieutenant Jason Allard.
« PAS BANAL »
Ce sont d’ailleurs de nouvelles informations de la SQ qui ont mené à la suspension jusqu’à nouvel ordre du directeur adjoint du SPVM, Bernard Lamothe, hier.
«La Sûreté m’a informé qu’elle avait des dossiers qui concernaient M. Lamothe. Je n’irai pas dans les détails, mais j’ai pris la décision de le relever de ses fonctions pour qu’on fasse la lumière», a déclaré le chef Philippe Pichet au Journal, en ajoutant que ces allégations ne sont «pas quelque chose de banal».
Le directeur adjoint Lamothe, qui compte 29 ans de service, était à la tête de la division stratégique du SPVM. De 2013 à 2015, il fut aussi responsable des enquêtes spécialisées, étroitement liées à la controversée Division des af- faires internes, dont les cas allégués de fabrication de preuves sont à l’origine de la crise actuelle.
SPÉCIALISTE DU CRIME ORGANISÉ
M. Lamothe a aussi dirigé la Division des enquêtes sur le crime organisé, où il a vu en Costa Labos un «enquêteur solide», a-t-il déjà dit devant un tribunal, en 2011.
L’inspecteur Labos a ensuite été promu patron des Affaires internes au SPVM, mais fut muté à d’autres fonctions, en octobre 2016, après avoir été blanchi d’allégations voulant qu’il ait menti à un juge.
L’un des prétendants à la succession de l’exchef Marc Parent en 2015, M. Lamothe était un bourreau de travail que des collègues ont qualifié d’«hyper intelligent».
Son style autoritaire et son manque de tact au boulot ne faisaient pas l’unanimité.
«On va t’avoir à l’oeil. Tu iras pisser ou chier quand je te le dirai», aurait-il déjà lancé à un policier sous ses ordres, selon une décision arbitrale dans un grief opposant le SPVM et le syndicat.
On ignore si ces événements sont reliés, mais sa suspension tombait après que Le Journal eut rapporté que des policiers du SPVM seraient payés par la mafia. Jeudi, le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur, a dénoncé au 98,5 FM que des allégations de corruption et de trafic d’influence pesaient sur des membres de l’état-major, mais que les dossiers auraient été étouffés par les Affaires internes.
— Avec la collaboration de Jonathan Guay