Chicane publique entre la Ville et le RTC
On a tous déjà été témoins de ça, avec des collègues de bureau ou un couple d’amis.
L’un pousse une craque à l’autre. Ce dernier saisit l’occasion pour passer un gant dans le visage de l’opposant. Chacun se trouvant légitimement offensé, les voilà mûrs pour une belle engueulade devant un public pas si consentant.
C’est le sentiment que nous avons en regardant le syndicat des chauffeurs du RTC et la Ville nous mitonner un conflit de travail à la mode de chez nous.
GRÈVE LÉGITIME
Quand des employés du secteur public se mettent en grève, on les accuse toujours de prendre la population en otage. C’est de bonne guerre, surtout lorsqu’il est question d’un service que les gens utilisent tous les jours.
On oublie souvent que la grève est un droit quand le contrat d’un groupe de travailleurs est venu à échéance depuis trop longtemps. On ne peut forcer à travailler celui qui n’a pu négocier ses conditions et la capacité de le faire collectivement est protégée par nos chartes.
Bref, ça peut nous embêter, on peut trouver que le moment est mal choisi, mais on ne peut nier la légitimité de ce moyen de pression pour forcer l’aboutissement d’une négociation. Il est par ailleurs lourdement balisé et c’est justement suivant une loi réclamée par le maire Labeaume que le syndicat a dû déposer un avis de grève si tôt dans le processus.
REVENDICATIONS FONDÉES
Cela dit, on a aussi le droit de penser que lorsque le syndicat incite ses membres à fermer le système Nomade, on cherche essentiellement à écoeurer la population.
Le pire, c’est que les revendications des chauffeurs semblent plutôt fondées. On refuse d’allonger les quarts de travail de douze heures coupées en deux blocs.
Ce sont des conditions difficiles que peu de gens accepteraient. On peut comprendre les travailleurs de ne pas vouloir complexifier davantage leur vie quotidienne.
Régis Labeaume leur fera un bien mauvais procès s’il met à exécution sa menace de détailler publiquement leur réalité salariale. Ce n’est pas ça l’enjeu, ici.
APPEL AU CALME
Le maire ne fait rien pour améliorer la situation en prédisant une révolte populaire, si la grève devait éclater. Une chauffeuse me racontait cette semaine qu’elle subissait déjà l’agressivité des usagers, allant même jusqu’à l’intimidation physique dans certains cas.
Les finfinauds devraient se souvenir que la personne qu’ils envoient promener a encore la sécurité de plusieurs dizaines de passagers à sa charge. Le président du RTC Rémy Normand avait raison d’en appeler au calme.
Vraiment, il n’y a rien de joli dans la chicane publique qui se dessine entre la Ville et le syndicat. Nous vivons déjà dans une cité hostile au transport en commun.
Les chauffeurs, qui sont nombreux à diffuser dans leur véhicule un discours radiophonique qui clame leur inutilité, devraient en être conscients, tout comme un maire qui cherche à vendre son SRB.