Le Journal de Quebec

L’ex-entraîneur se qualifie de « Wayne Gretzky du ski »

Il se défend par ailleurs d’avoir « violé » ses athlètes

- CLAUDIA BERTHIAUME

L’ex-entraîneur Bertrand Charest avait une si haute estime de luimême qu’il s’est qualifié de «Wayne Gretzky du ski» lors de son interrogat­oire avec les policiers de Mont-tremblant.

Aujourd’hui accusé de 57 chefs de contacts sexuels et d’agression sexuelle sur 12jeunes skieuses, l’homme de 51 ans n’a pas hésité à se décrire comme «un champion de coaching » lorsqu’il a été questionné par les enquêteurs, le 6mars 2015.

L’interrogat­oire vidéo a été présenté au juge Sylvain Lépine hier, dans le cadre du procès de l’ex-entraîneur, au palais de justice de Saint-jérôme.

«J’étais comme le Michel Therrien et le Marc Bergevin ensemble du ski», a-t-il dit aux policiers Steve Cossette et Francis Roy, en référence à ses années à la tête de l’équipe canadienne junior à la fin des années 1990.

Bertrand Charest était alors le plus jeune entraîneur à atteindre ce niveau, et le dernier Québécois à avoir occupé ce poste, s’est-il vanté.

Sa carrière a connu une fin abrupte en mars 1998, lorsque quelques skieuses l’ont dénoncé à Canada Alpin.

Mais le quinquagén­aire est retourné entraîner des jeunes sur les pentes du MontBlanc en novembre 2014. «C’est comme si Wayne Gretzky revenait au hockey, ça se saurait assez vite», a-t-il noté.

Il croit d’ailleurs que c’est ce retour en piste qui «n’a pas été digéré» par ses an- ciennes protégées, ce qui aurait amené l’avalanche de plaintes criminelle­s, près de 20 ans après les faits allégués.

AMOUREUX

D’ailleurs, Bertrand Charest se défend vigoureuse­ment d’avoir «violé» ses athlètes. «Je n’ai jamais rien fait dans ma vie contre le gré de personne», a-t-il soutenu lors de son interrogat­oire vidéo qui a duré un peu plus de deux heures.

L’ex-entraîneur affirme toutefois avoir été amoureux de deux de ses skieuses pendant les années 1990. «J’étais en amour avec [elle]. Toute la planète du ski le sait», a-t-il dit de l’une d’elles.

Ces deux jeunes femmes n’ont pas encore raconté leur version des faits devant le tribunal. Pour l’accusé, ce genre de relation pouvait se développer avec une athlète, à l’époque. «Sérieuseme­nt, dans le coaching, il y en a eu tellement», a-t-il laissé tomber, citant l’exemple d’un entraîneur qui aurait épousé une skieuse.

Pour d’autres victimes alléguées, il a carrément nié qu’il se serait passé quoi que ce soit, outre «un câlin de coach pour dire belle victoire».

VIE FINIE

«Un agresseur sexuel, c’est la pire bête sur la terre. Je ne peux pas croire qu’on m’a [accolé] ce mot-là», s’est-il exclamé.

Bertrand Charest semblait démoli lorsque les enquêteurs lui ont lu les charges qui pesaient contre lui. «Je comprends que ma vie vient de finir», a-t-il lancé. Le procès se poursuit lundi.

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Accusé Bertrand Charest

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