Rex Tillerson critiqué pour son mutisme sur les droits de l’homme
Le secrétaire d’état met fin à la tradition de présenter son rapport annuel aux médias
WASHINGTON | (AFP) Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a été décrié hier pour avoir snobé la publication du rapport annuel mondial sur les droits de l’homme de son ministère des Affaires étrangères.
Sur le fond, malgré des inquiétudes sur ce que fera le président Donald Trump pour défendre les droits humains sur la planète, ce panorama du département d’état dans 199 pays tape, comme chaque année, sur les bêtes noires habituelles de l’amérique: Corée du Nord, Chine, Russie, Iran ou Cuba.
Mais sur la forme, le très discret secrétaire d’état, qui a très peu parlé en public depuis sa prise de fonction le 2 février, n’a pas présenté ce rapport en personne devant la presse et à la télévision. Une rupture avec 25 années de tradition pour les ministres des Affaires étrangères successifs de l’influent département d’état.
Cette somme sur les droits de l’homme est pourtant l’un des grands rendezvous institutionnels de la diplomatie américaine, comme ses rapports sur les libertés religieuses, la traite des êtres humains ou sur le terrorisme, et une déclaration solennelle du ministre y ajoute du poids et du symbole. Les pays visés par les critiques américaines réagissent d’ailleurs toujours vivement.
FORTE RÉACTION
Cette année, M. Tillerson s’est contenté de parapher la préface du rapport où il assure que «promouvoir les droits de l’homme et la gouvernance démocratique représente un élément fondamental de la politique étrangère des États-unis».
«Nos valeurs équivalent à nos intérêts lorsqu’il s’agit des droits de l’homme», écrit l’ancien PDG du pétrolier ExxonMobil, soulignant «l’engagement» de Washington envers «la liberté et la dé- mocratie».
Cela n’a pas suffi au sénateur républicain Marco Rubio, pourtant un soutien de l’administration Trump, ni aux défenseurs des droits de l’homme. M. Rubio a critiqué dans un tweet l’absence de M. Tillerson, «une première depuis longtemps».
L’ancien secrétaire d’état adjoint aux droits de l’homme Tom Malinowski a rappelé sur Twitter que «tous les secrétaires d’état depuis au moins Warren Christopher (1993-1997) avaient publié en personne les rapports sur les droits de l’homme». «MIA Tillerson (Ndlr: «Missing in action», ou «Porté disparu») - Mauvais pour lui et pour le pays», a dénoncé l’ancien diplomate.
Le président de l’organisation américaine Human Rights Watch, Kenneth Roth, s’est lui demandé si «Tillerson n’avait pas échappé au rapport du département d’état pour éviter d’avoir à répondre à des questions sur Trump».