Erdogan vilipende l’allemagne après l’annulation de meetings
ISTANBUL | (AFP) Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’en est violemment pris hier à l’allemagne après l’annulation de meetings de ses partisans, accusant Berlin d’héberger des terroristes et un journaliste germano-turc incarcéré en Turquie d’être un espion.
Depuis l’annonce jeudi de l’annulation par les autorités locales de deux meetings en Allemagne visant à promouvoir le oui lors d’un référendum le 16 avril sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan, les responsables turcs tirent à boulets rouges sur Berlin.
De son côté, le gouvernement néerlandais a jugé «indésirable» la tenue, prévue le 11 mars, d’un meeting pro-erdogan à Rotterdam.
« PROPAGANDE TERRORISTE »
Très remonté, le chef d’état turc a accusé l’allemagne d’annuler les meetings, mais de tolérer la présence sur son territoire de séparatistes kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
Les autorités allemandes «devraient être jugées, car elles aident et hébergent des terroristes», a lancé M. Erdogan lors d’une cérémonie de remise de prix hier soir à Istanbul.
Les turbulences entre Berlin et Ankara avaient viré à l’orage après l’incarcération mardi pour «propagande terroriste» du correspondant germano-turc du quotidien Die Welt en Turquie, Deniz Yücel.
Dans son discours, M. Erdogan a présenté M. Yücel comme un «représentant du PKK» et comme un «agent allemand». Selon lui, avant son arrestation, M. Yücel s’était «caché pendant un mois au consulat allemand» à Istanbul.
ACCUSATION « ABERRANTE »
Cette accusation d’espionnage est «aberrante», a rétorqué Berlin.
En déplacement à Tunis, la chancelière allemande Angela Merkel a nié toute implication du gouvernement fédéral dans les annulations des meetings par les autorités locales, un démenti assorti d’une critique: il est «approprié de notre part de critiquer les atteintes à la liberté de la presse» en Turquie, a-t-elle commenté.
La police allemande a annoncé hier l’annulation d’un troisième meeting prévu aujourd’hui à Frechen, dans l’ouest de l’allemagne, auquel devait participer le ministre turc de l’économie Nihat Zeybekci.