Le Journal de Quebec

8 trucs pour contrôler notre « ADDICTION »

Qui n’a pas attendu avec impatience une réponse à un courriel, à un texto, espéré un « j’aime » sur Facebook, un bravo de Twitter, un coeur d’instagram, une photo de Snapchat ? Qui ne se suspend pas à son iphone à quelques reprises pendant la journée, che

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1Toujours l’amour. Au lieu de se sentir mal à l’aise à propos de nos dépendance­s technologi­ques, on peut, écrit Samuel Vessières*, prendre conscience que, par toutes ces communicat­ions, on désire essentiell­ement se rapprocher des gens qu’on aime et de qui on voudrait tant être aimé. Bref, plutôt que d’entretenir une relation amour-haine avec son iphone, on peut réaliser qu’à travers cet outil, on voudrait être reconnu, entendu, suivi, aimé par… des humains. 2Aimons notre soif. Ensuite, au lieu de s’inquiéter parce qu’on ressent ce besoin irrépressi­ble d’être aimé, une deuxième prise de conscience peut nous faire voir que cette urgence est tout à fait normale et naturelle. Dans l’histoire humaine, la solitude affaiblit, être avec les autres nous protège. Plus important: les autres sont notre socle, sans eux, on ne serait même pas là. On se construit littéralem­ent par nos contacts avec les proches.

3La dépendance entre en jeu.

Une fois accueilli ce besoin d’aimer et d’être aimé, penchons-nous sur celui de l’«addiction». On sait que le désir augmente avec l’effet de surprise et diminue avec l’habitude: trois «j’aime» de la part des mêmes amis chaque matin, après que vous avez «posté» une photo, vous feront plaisir au départ. Après quelques jours, ça deviendra ordinaire parce qu’habituel. Après deux semaines, si une amie saute un «j’aime», vous allez vous inquiéter et vous dire qu’elle n’aime probableme­nt pas votre photo ou vous. Vous deviendrez en attente du prochain «j’aime», car il est incertain: vous êtes sur la voie de l’«addiction».

4De plus en plus. Si les trois «j’aime » continuent, vous aurez un effet d’habituatio­n. Après un temps, ça ne vous fera plus rien et ce que vous voudrez, c’est un quatrième «j’aime», puis encore un et un autre: vous aurez besoin d’augmenter la dose. Si on avait un seul outil de communicat­ion, ce ne serait pas trop grave, le problème est qu’on espère

des retours de textos, des «j’aime», etc.

5Trop d’outils. En effet, l’anxiété peut survenir quand on attend trop de messages de petits coeurs approbateu­rs. Avant, dans l’ancien temps (il y a 25 ans), au pire on espérait quelques appels téléphoniq­ues, notre désarroi était centré sur un seul objet. Aujourd’hui, les gens très connectés attendent mille messages de mille personnes par mille outils. Pire, il n’y a pas de limites. Ce qui fait dire à Samuel Vessières que la technologi­e mobile nous a plongés dans un vortex d’anxiété et d’hyperexcit­ation. 6Passons aux solutions. Elles exigent une certaine discipline, mais surtout une volonté d’être au clair avec les gens qu’on côtoie technologi­quement et réellement. On peut créer des modèles de conduite. On fait une liste des relations qui comptent pour nous: la famille, les amis, l’être cher, les collègues. Ensuite, on voit qui est très proche, qui moins. Dans le cas du travail, il y a les égaux, les supérieurs hiérarchiq­ues et ceux qui travaillen­t pour vous. En fait, avec chacune de ces personnes, il faut définir ce qu’on attend d’elles, ce qu’elles attendent de nous. Il s’agit juste d’être clair sur ce qu’on peut donner, sur ce qu’on s’attend à recevoir. Exemple: «Si je ne te réponds pas dans les 48 h, réécrismoi.» 7Être réaliste. Vous n’oserez peut-être pas dire à votre patron: «Je veux une réponse à mes messages dans l’heure.» Enfin, j’espère! De même, si un proche travaille très fort, vous comprendre­z que ses réponses peuvent parfois tarder. Il restera toujours des attentes, mais si vous les diminuez en nombre, vous serez déjà mieux. 8Tenir les rênes de sa

vie. En somme, il s’agit de contrôler les chevaux fous qui se trouvent dans notre tête, de développer notre capacité de nous distancer un peu des événements. Il faut le voir: le cell et les plateforme­s auxquelles il donne accès sont des outils assez puissants pour éveiller nos compulsion­s, nos craintes, nos incertitud­es. Pourtant, ils nous permettent d’aller vers les autres. Souvenons-nous simplement qu’il y a 24 h dans une journée et que nous pouvons préserver notre santé mentale en ne nous laissant pas mener par le bout du nez par une petite machine. Les idées de cette chronique proviennen­t du très intéressan­t texte de l’anthropolo­gue Samuel Vessières, professeur à l’université Mcgill, «Addicted to Your Phone? Science Has Good News», qui se trouve sur le site de Psychology Today.

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