Le Journal de Quebec

Subban : une affaire d’amour

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On peut écrire 100 beaux scénarios. On peut préparer une superbe mise en scène. Monter la plus touchante des vidéos. Mais s’il n’y a pas la magie de l’amour, on manque son coup.

Ce qui a rendu magique l’hommage rendu à P.K. Subban, c’est l’amour des gens pour leur ancienne vedette. Et sans doute, l’amour de P.K. pour une ville, ses enfants et ses amateurs.

Le scénario était inexistant. Trois lignes sur une page. La mise en scène ordinaire comparée aux grandes manifestat­ions préparées par le Canadien en d’autres occasions. La vidéo était un montage de quelques beaux moments. Mais on voit aussi bien tous les jours à la télé.

Mais l’amour. Ah! L’amour! Ce sentiment que les poètes et les psychiatre­s essaient de décortique­r depuis un million d’années, l’amour fait des miracles.

LE FEU QUI BRÛLE

Subban l’a senti. Les gens l’ont senti. Pendant deux minutes, P.K. Subban a ressenti ce que les gens éprouvaien­t pour lui. Parce qu’ils n’étaient pas obligés d’applaudir un adversaire. Ils l’ont fait parce que P.K. Subban, malgré ses défauts aussi évidents que ses qualités, avait été sincère dans cette relation exceptionn­elle.

L’amour des gens ne se commande pas. On peut sans doute le sonder, mais on ne sait jamais avec certitude quel est le feu qui brûle dans le coeur des fans.

J’ai écrit le scénario pour la fermeture du Forum. Denis Bouchard avait préparé la mise en scène. Ni Denis ni moi n’avions prévu que l’amour des Québécois pour Maurice Richard allait provoquer un tsunami d’applaudiss­ements de huit ou neuf minutes. Dans le scénario, j’avais écrit: applaudiss­ements. Et je pense que Denis avait prévu un délai d’environ une minute pour laisser les gens exprimer leur affection pour le Rocket.

Personne ne peut prévoir un pareil débordemen­t.

LE RETOUR DE GUY LAFLEUR

Prenez le dernier match de Guy Lafleur au Forum. L’annonceur Claude Mouton avait tenté à plusieurs reprises de calmer les applaudiss­ements de la foule, allant même jusqu’à lancer: «Ne craignez pas, Guy va vous parler…» Rien n’y faisait, les gens continuaie­nt.

À la fin du match, une victoire de 4 à 3 du Canadien, les gens étaient restés pour une dernière ovation à Lafleur, qui avait d’ailleurs marqué un but. Cette ovation était spontanée, pas un scénariste n’aurait pu la préparer.

À Québec, pour son dernier match, l’organisati­on des Nordiques avait tenté de surpasser celle du Canadien. Fallait donc que l’ovation soit plus longue que celle du Forum. C’était tombé à plat parce que Lafleur n’avait jamais marqué 60 buts dans l’uniforme des Nordiques et qu’il n’avait jamais remporté six coupes Stanley avec l’équipe. On l’aimait, mais d’une autre façon. Profondéme­nt.

Encore une fois, c’est l’amour et la façon d’exprimer l’amour qui avaient créé la magie du Forum.

Comme jeudi avec P.K.

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