Le tourisme en péril avec la fin de la chasse au caribou
Malgré les investissements du Plan Nord, le nombre de voyageurs est en baisse
L’interdiction de la chasse au caribou pourrait porter un coup fatal au volet récréotouristique du Plan Nord. L’accès au Nord sera même compromis à la suite de la fermeture de bases aériennes, a appris Le Journal.
Entre 2011 et 2014, la quantité de touristes qui visitent annuellement le territoire du Nunavik a chuté de 40 000 à 15 000 malgré le programme d’aide du gouvernement, qui «a soutenu 48 projets dont le coût total est estimé à plus de 70 millions $».
L’industrie de la chasse au caribou est en déclin depuis de nombreuses années. Entre 2005 et 2009 – période que concernent les statistiques les plus récentes de la Fédération des pourvoiries du Québec –, le nombre de «jours d’activité» a pratiquement fondu de moitié dans le nord de la province. Mais la décision du gouvernement du Québec d’interdire la chasse à partir de 2018 sonne le glas pour bien des pourvoyeurs.
«Penser vivre du tourisme dans le Grand Nord sans la chasse au caribou, c’est impossible», lance Alain Tardif, président de l’association des pourvoiries du Nord-du-québec, qui se bat contre le choix de Québec d’interdire la chasse.
«Je peux bien vendre des aurores boréales et des gros poissons; pour venir chez moi, ça coûte des milliers de dollars. Ça prend quelque chose de distinctif et, jusqu’à aujourd’hui, c’était la chasse au caribou», a-t-il déploré.
L’ACCÈS AU TERRITOIRE MENACÉ
Chez Air Saguenay, qui dessert la quinzaine de pourvoiries situées dans le nord de la province, la nouvelle frappe fort. On prévoit même fermer les bases aériennes de Caniapiscau et Schefferville. Celle de Chibougamau a déjà été fermée en 2016, «faute de projets d’exploration minière». «La chasse aux caribous représente 35 % de notre chiffre d’affaires. Une fermeture de la chasse mettra en péril l’ensemble des opérations d’air Saguenay», indique Jean Tremblay, vice-président de l’entreprise. Avec la disparition potentielle des aérodromes près de Caniapiscau et de Schefferville, ce ne sont pas seulement les chasseurs qui perdront accès au territoire, mais les pêcheurs, les prospecteurs miniers et les canoéistes-campeurs, par exemple.
« NOTRE SEUL BUSINESS RENTABLE »
La dernière base aérienne du Nord se trouvera à la pourvoirie Mirage, qui est aussi le seul relais routier de la Transtaïga, la route la plus au nord du Québec. Sans lui, plus d’essence. Pour le patron, Luc Aubin, qui a investi 11 M$ dans son entreprise, les temps seront durs. «Notre seul business rentable, c’est la chasse au caribou. Ça va être dur de continuer sans aide», a-t-il lancé.