Des caribous munis de caméras dans le Nord
Plus d’une vingtaine de femelles caribous du Nunavik porteront une caméra à leur cou pendant trois mois l’été prochain, une sorte de téléréalité pour tenter d’expliquer pourquoi 40 % de leurs petits ne survivent pas.
Les deux grands troupeaux de caribous migrateurs sont en décroissance extrême dans le nord de la province, à tel point que le ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, en a interdit la chasse sportive à compter du 1er février 2018.
Le troupeau de la rivière George a chuté de 99 % depuis les années 1990 et il compte maintenant moins de 10 000 bêtes, tandis que celui de la rivière aux Feuilles est passé de 430 000 en 2011 à 199 000 en 2016.
La mortalité des faons pourrait expliquer une partie du problème, ce qui a mené l’équipe du professeur Steeve Côté, de l’université Laval, à fixer des caméras au cou des femelles gestantes du troupeau de la rivière aux Feuilles. En tout, 14 femelles ont porté le collier l’an dernier et elles seront 24 cette année.
«On y va en hélicoptère et on utilise un lance-filet qui capture l’animal. On prend ensuite quelques mesures et on lui met un collier. Quand on repart avec notre hélicoptère, l’animal repart de son côté. C’est très rapide, pas plus de 15 minutes», explique le professeur Côté.
COLLIERS-CAMÉRAS
Chaque collier-caméra coûte 5000 $ et il est programmé pour enregistrer pendant 10 secondes toutes les 20 minutes de clarté. Les colliers se détacheront automatiquement au bout des trois mois d’expérience et il faut aller les chercher en hélicoptère grâce à un GPS intégré.
Pas moins de 62 000 vidéos de 10 secondes ont été enregistrées de cette façon l’an dernier, et c’est à l’étudiante au doctorat Barbara Vuillaume de visionner les images. «Sur une des premières vidéos que j’ai vues, la femelle est clairement en contractions et, sur la vidéo suivante, le faon est couvert de son placenta et elle est en train de le lécher. C’est juste magique», dit-elle.