UN « COUSSIN TRUMP » DANS LE BUDGET ?
Si le mystère plane sur la date du dépôt aux Communes du prochain budget fédéral, plusieurs misent sur la semaine du 20 mars. Après avoir annoncé dans son premier budget des milliards de dollars en infrastructures et des mesures pour les familles, engendr
Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, aurait avantage à se doter d’un «coussin Trump» de quelques milliards de dollars dans son prochain budget pour parer à l’incertitude que fait planer l’élection du nouveau président américain sur les relations commerciales canado-américaines.
C’est l’avis de plusieurs experts consultés par Le Journal à l’approche du dépôt du prochain budget du grand argentier du Canada.
Un coussin de 8 milliards $
Selon l’économiste et ex-ministre québécois Clément Gignac, le deuxième opus de M. Morneau devrait prévoir un coussin financier de 7 à 8 G$ en cas d’im- prévus. C’est d’ailleurs ce qu’il a recommandé au ministre lorsqu’il l’a rencontré avec d’autres économistes dans le cadre de consultations prébudgétaires.
«L’élection de M. Trump a été une onde de choc, à Ottawa», affirme M. Gignac, qui mentionne notamment la menace des hausses des barrières tarifaires à la frontière que brandit l’administration Trump, ainsi que d’autres mesures protectionnistes s’apparentant au Buy American Act.
«Ce n’est vraiment pas évident quand vous avez 22 % de votre PIB qui est lié aux exportations aux États-unis et qu’il y a un potentiel changement des règles du jeu», explique-t-il.
M. Gignac ne s’attend ainsi pas à un gros budget, car des ajustements pourraient, selon lui, être nécessaires lors de la mise à jour économique annuelle du ministre à l’automne.
«Il faut qu’il se garde des munitions pour réajuster le tir au besoin», avance-t-il.
nuages à l’horizon
L’économiste de l’université d’ottawa, Serge Coulombe, croit aussi que le ministre aurait avantage à prévoir une réserve pour les imprévus.
«Il y a quand même des nuages concernant les relations commerciales entre le Canada et les États-unis. Peut-être sera-t-on capable de les éviter, mais pour l’instant, on manque d’information sur cette question-là», souligne-t-il.
«Si le gouvernement veut faire des prévisions qui ont des chances élevées de se réaliser, il est préférable de faire appel à plus de prudence», indique le professeur au département de sciences économiques. Il ajoute que les possibles hausses tarifaires sont très menaçantes pour les compagnies canadiennes. «Selon l’institut C.D. Howe, ça pourrait entraîner une baisse du PIB ca- nadien d’environ 1 % si c’est fait», souligne-t-il.
L’économiste et professeur au département des Affaires publiques et internationales de l’université d’ottawa Patrick Leblond croit que le ministre devrait vouloir se doter d’une «marge de manoeuvre un peu plus grande», en raison de l’incertitude non seulement américaine, mais aussi dans le monde.
M. Morneau a minimisé l’incidence que pourraient avoir les politiques de l’administration Trump sur son budget, ajoutant tenir compte des États-unis dans son plan économique.
«Notre budget met surtout l’accent sur la façon dont nous pouvons améliorer notre taux de croissance au Canada et sur comment nous pouvons améliorer les résultats pour la classe moyenne canadienne», a-t-il réagi mercredi, à Washington, après avoir rencontré le secrétaire du Trésor des États-unis, Steven Mnuchin.
M. Morneau a précisé que des «mesures additionnelles» avaient été identifiées à cette fin dans son prochain budget.
« Il faut que le ministre [des Finances Bill] Morneau envoie un signal clair qu’il a repris le contrôle des finances publiques, avec un horizon de retour à l’équilibre budgétaire de 2019, ce à quoi il s’était engagé, et aussi un contrôle du déficit. »
– Gérard Deltell, critique conservateur en matière de finances
« Nos deux grands thèmes sont la justice fiscale et la réduction des inégalités. Il y a des échappatoires qui sont prévues dans la loi en ce moment, qui font en sorte que quand vous empochez des options d’achat d’actions, vous ne payez pas d’impôt. Il y a une manière de se faufiler dans la loi qui fait en sorte que l’état perd environ 800 M$. Le gouvernement libéral avait promis d’agir là-dessus. »
– Alexandre Boulerice, critique du NPD en matière de finances
« Pour les transferts fédéraux en santé, les libéraux poursuivent les coupes de Stephen Harper. […] Ce qu’on demande, ce sont les revendications des provinces, c’est-à-dire de les augmenter de 6 % par année jusqu’à ce qu’ottawa finance le quart des dépenses en santé sans condition. »
– Gabriel Ste-marie, critique bloquiste en matière de finances