Le Journal de Quebec

Du Togo au mont Sainte-anne

Le Centre national d’entraîneme­nt Pierre-harvey, terre d’accueil de Mathilde Petitjean

- Alain Bergeron l Abergeronj­dq

LAHTI | Grâce à Mathilde Petitjean, le blanc du mont Sainte-anne se colore maintenant d’une touche de Togo.

L’histoire de cette skieuse qui a découvert par hasard l’existence du Centre national d’entraîneme­nt Pierre-harvey illustre comment le ski de fond abolit les frontières. Née au Togo d’un père français et d’une mère togolaise, et déménagée en Haute-savoie à l’âge de trois ans, Mathilde Petitjean a fait du Québec, depuis deux ans, son tremplin dans l’espoir de retourner aux Jeux olympiques de 2018 après avoir vécu ceux de Sotchi.

On ne l’a pas vue au départ du 30 km en style libre d’hier, principale épreuve féminine des championna­ts du monde en Finlande, mais sa participat­ion au sprint individuel de la semaine dernière l’a confortée dans son objectif d’être sur la ligne de départ aux Jeux de Pyeongchan­g dans un an. Sous les couleurs du Togo, évidemment!

«Je suis à demi Africaine et à demi Française, mais, maintenant, j’ai un peu de Cana- dienne et de Québécoise en moi. Ce sont trois parties de moi. C’est moi, en fait. Je ne suis pas plus une que l’autre, je suis mixée avec la culture de plusieurs pays. Je suis contente parce que c’est vraiment enrichissa­nt pour moi et j’ai envie de le partager avec les autres», nous dit l’athlète de 23 ans.

BIEN ACCUEILLIE

Ne figurant plus dans les plans de l’équipe de France et face à l’impossibil­ité évidente de s’entraîner avec une équipe du Togo, l’autre pays de sa double citoyennet­é, cela l’a conduite, dans ses recherches, à une vidéo du centre d’entraîneme­nt de la région de Québec. Un appel à l’entraîneur-chef Louis Bouchard pour lui expliquer sa situation a conclu l’affaire.

Servie par le programme Solidarité olympique du Comité internatio­nal olympique qui lui accorde une bourse de 25 000 $, elle a choisi le mont Sainte-anne comme terre d’accueil. En été, elle partage un logement avec deux «colocs» aussi skieuses du centre, Cendrine Browne et Sophie Carrier-laforte. L’hiver, elle habite chez la famille d’une autre équipière, Marie Corriveau.

«Tout de suite, tout le monde a été super fin avec moi et m’a proposé de l’aide. Tout le monde est là comme une deuxième famille», dit la skieuse, qui avait agi comme porte-drapeau du Togo à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Sotchi, où elle avait terminé 68e à l’épreuve des 10 km.

LA FIERTÉ DES TOGOLAIS

On verra encore Mathilde aux abords du mont Sainte-anne, du moins durant la prochaine année, jusqu’aux Jeux. «Après, je vais remodeler mes objectifs et voir jusqu’où je veux aller», dit-elle.

Skier au Québec lui aura à tout le moins permis de se défaire de son statut de «pseudo athlète», selon elle. Après la Finlande, où elle a fini 49e du sprint individuel, les Jeux de 2018 s’inscrivent comme le prochain test pour montrer sa progressio­n à son Togo natal. Et sa fierté.

«Une grande partie des Togolais me connaissen­t parce qu’ils peuvent me suivre sur les réseaux sociaux, mais pour les autres, c’est encore un peu compliqué étant donné que je ne vais pas souvent au Togo. J’espère y aller cet été, avant les Jeux, pour montrer aux gens que j’existe vraiment. Je sais qu’ils trouvent génial que je les représente, même s’ils ne connaissen­t pas trop la neige!»

 ??  ?? Double citoyenne togolaise et française, Mathilde Petitjean n’a pas trouvé qu’une expertise en ski de fond au Québec. «J’ai découvert le pouding chômeur et le sirop d’érable. Je ne peux plus m’en passer!»
Double citoyenne togolaise et française, Mathilde Petitjean n’a pas trouvé qu’une expertise en ski de fond au Québec. «J’ai découvert le pouding chômeur et le sirop d’érable. Je ne peux plus m’en passer!»
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